Aucun effort n’a été accompli par la Jirama pour solutionner le délestage. Les dirigeants de cette société n’ont pas de plan de redressement, ni d’état financier à analyser, pour faire baisser le coût de production d’électricité.
Une solution tip top au jour le jour ! C’est ce que la Direction générale de la Jirama avance pour solutionner le déficit en production d’électricité à Madagascar. En effet, même si la loi de finances 2017 attribue la plus grande subvention de cette année, soit 250 milliards d’Ariary, à la Jirama, les dirigeants de cette société réclament déjà le décaissement d’une subvention de 70 milliards d’Ariary, pour ce mois de janvier. « Ce n’est qu’une partie des fonds nécessaires, car il faudrait 110,32 milliards d’Ariary de subvention pour ce mois de janvier, 110,69 milliards pour le mois de février et 70 milliards pour le mois de mars … pour éviter le délestage », a relayé un des quotidiens qui ont plaidé pour cette stratégie « tip top ». En tout, la Jirama veut réclamer jusqu’à 900 milliards d’Ariary jusqu’en décembre 2017, pour qu’il n’y ait pas de délestage. Certes, toute solution soutenable au problème de l’énergie à Madagascar doit impliquer des investissements. Jusqu’ici, ces sommes astronomiques sont dépensées pour l’achat de carburant et le paiement des prestataires de la Jirama.
Incompétence. Un audit a déjà été fait au sein de la Jirama en 2015, pour trouver les causes de la grande perte de cette société d’Etat. Mais le rapport y afférant n’a jamais été publié. Les seules informations disponibles sont celles évoquées, en octobre 2016, par le ministre des Finances et du Budget, Gervais Rakotoarimanana. « Seulement 39% de la production d’électricité de la Jirama sont commercialisés. 35% de la production de la Jirama sont perdus. 15% concernent les pertes techniques et 20% sont des pertes inexpliquées, qui coûtent 20 milliards d’Ariary par mois. A cause de ces pertes, seulement 65% de la production sont donc facturés. De plus, le taux de recouvrement des recettes de la Jirama n’est que de 60%. Si on fait le compte, cette société ne commercialise réellement que 39% de sa production », a-t-il laissé entendre, lors d’une intervention devant la presse. Il faut reconnaître qu’aucune société ne pourrait survivre à une telle situation financière. Mais les dirigeants de la Jirama font fi de cette réalité. D’après les informations communiquées, la société d’Etat fait des ventes à perte avec un gap de 56 milliards d’Ariary par mois. Et pourtant, le tarif d’électricité dans la Grande Ile est parmi les plus élevés en Afrique, si ce n’est le plus élevé du continent.
Coûts anormaux. En effet, ce tarif n’est plus basé sur le prix du marché, surtout que la Jirama tient tellement à garder sa position de monopole. Aujourd’hui, le DG de la société, Nestor Razafindroriaka, met en avant les coûts de production pour expliquer les pertes. Or, il a déjà été évoqué à plusieurs reprises, que la Jirama achète du carburant à des prix plus élevé que ceux affichés à la pompe sur le marché. En outre, les contrats avec ses prestataires de services sont incessamment prolongés, même si la pratique a prouvé qu’aucun d’eux ne représente une bonne affaire. En d’autres termes, la Jirama ne tient pas à faire baisser ses coûts. D’après nos sources, la Direction générale de la Jirama n’a encore présenté, jusqu’ici, que l’état financier de 2014. En bref, le DG présente les pertes de la société au Ministère des Finances et du Budget et réclame les subventions équivalentes, pour qu’il n’y ait pas de délestage. Avec ce manque de redevabilité, les premières victimes sont toujours les usagers.
Antsa R.