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Pr Mamy Ravelomanana : « L’espoir de lendemains meilleurs s’éloigne »

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Mamy Ravelomanana Professeur Agrégé des Universités en Sciences Economiques.
Mamy Ravelomanana Professeur Agrégé des Universités en Sciences Economiques.

Le danger de marginalisation et de paupérisation des Malgaches, à cause de difficultés de répartition de richesse, est réel. Une grande partie du PIB (produit intérieur brut) qui rentre dans les calculs des indices de développement se perd à l’extérieur. La compétitivité des industries est minée par des coûts de facteurs exorbitants et des ressources humaines non qualifiées. L’espoir de lendemains meilleurs s’éloigne. Telles sont les conclusions du Professeur Mamy Ravelomanana – Agrégé des Universités en Sciences Economiques.

 Le Pr Mamy Ravelomanana nous livre son optique avec un article qui brosse un panorama des situations économique et financière actuelles et qui discute des possibilités de réduction de la pauvreté dans les quinze prochaines années. Avec une comparaison par rapport à l’année 2008 qui reste la référence en matière de performances économiques, il constate une détérioration générale, exception faite du niveau d’inflation :

  • la pression fiscale est passée de 13% en 2008 à 10% en 2014 – et bien que les prévisions de 2015 fassent état de 12,4% – les réformes qui visaient à la simplification et au regroupement des taxes n’ont pas permis de trouver des ressources fiscales supplémentaires.
  • Le corollaire est une réduction des dépenses publiques rendant impossible la relance économique.
  • Le taux de change n’a cessé de se déprécier les réserves de devises étant insuffisantes.

 

Indicateurs 2008 2012 2014 2015 (Prev)
Croissance 7,1% 3,0% 3,3% 3,2%
Inflation 9,2% 5,8% 6,1% 7,5%
Finances (fisc) 13,0% 10,4% 10,0% 12,4%
Finances (dépenses publiques) 18,6% 13,4% 14,8% 16,7%
Réserves de devises en mois d’importations 2,5 3,3 2,3 2,4

 

En ce qui concerne la pauvreté :

Milieu 2004 2005 2010
Madagascar 72,1% 68,7% 76,5%

 

« En 2012 le taux de pauvres vivant avec moins de 2USD (nouveau seuil international) culmine à plus de 90 %.

Pourtant certains secteurs évoluent positivement, le taux de croissance global du secteur secondaire est de 3,6% en 2008, 5,1 % en 2012 dopé par la performance des industries extractives (83 % de croissance en 2012 et 219,2 % en 2013 et 19% en 2015).

En ce qui concerne l’énergie, des efforts ont été entrepris pour pallier aux difficultés rencontrées par la JIRAMA , 400 000 hab /17 000 000 ont accès à l’électricité en 2006.

 

Le secteur de la télécommunication n’a pas véritablement souffert de la crise politique : sa croissance est de 20,9 % en 2008 et 9,2 % en 2009 et 9,9 % en 2010 toutefois à 4,4 % en 2012 et est prévu à 3,8 % en 2015 – toujours au-dessus du taux de croissance du PIB réel. Il en est de même du secteur bancaire 4 % de croissance en 2008, 16,7 % en 2009, 5,3 % en 2012 et en 2015. Le contraste est saisissant avec l’ensemble de l’économie ».

Observations. Des observations s’imposent d’emblée, selon le Pr Mamy Ravelomanana. « Malgré les taux de croissances affichés – moindres que les moyennes africaines cependant, les Malgaches n’ont cessé de s’appauvrir. Les branches d’activités florissantes – banque, télécommunications, industries extractives – n’ont ainsi pas profité aux pauvres.

Pour la dernière filière, étant donné le faible nombre d’années de production effective, il ne peut en être déduit immédiatement qu’il s’agisse de ce qu’on appelle « croissance appauvrissante ». Tout au moins dans le court terme, il peut être conclu que la présence de Sherrit, QMM et consorts ne sera pas une condition suffisante pour la réduction de la pauvreté de l’ensemble de la population.

L’amélioration de la gouvernance économique (restriction budgétaire et monétaire) constatée reste insuffisante au vu des résultats finals, croissance insuffisante pour atteindre les objectifs du millénaire, pouvoir d’achat miné par une inflation chronique au-dessus de 5%).

Les politiques macroéconomiques de gestion restrictive (monétaire et budgétaire) appliquées selon et avec les recommandations des bailleurs de fonds donnent des résultats clairement insuffisants. Les scénarios (voir tableau) donnés en 2008 par l’INSTAT (Institut national de la statistique) indiquent qu’avec un taux de croissance de 8 % on aurait pu réduire la pauvreté de moitié. Mais ce taux n’a jamais été atteint.

 

Scenarios 2008 2015
Taux de croissance 5% 67,3 62,9
Taux de croissance 7% 62,7 48,5
Taux de croissance 8% 59,4 35,9
Il s’agit ici du taux de croissance de la consommation avec comme hypothèse une croissance démographique de 3%.

 

Les politiques d’incitation (en faveur de l’investissement, la création d’entreprises) tardent à donner des fruits. Malgré les réformes en cours, plusieurs questions restent en suspens :

Même si le taux de croissance atteint 8%, elle sera en grande partie due aux industries extractives, qui par essence ne laissent que des miettes aux nationaux ».

Recueilli par Antsa R.


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