Comparée aux dernières conférences ministérielles de l’OMC comme à Bali et à Nairobi, celle de Buenos Aires qui a réuni plus de 4 000 ministres du Commerce représentant 164 pays membres et qui a duré trois jours, a été décevante.
En effet, il y a eu beaucoup de divergences d’idées entre les membres. Ce qui ne leur a pas pu permettre de conclure des accords de fond définitifs. Et il n’y avait même pas eu d’entente sur des programmes détaillés concernant plusieurs domaines préoccupants. Il s’agit entre autres, de la fixation de la date limite sur la détention de stocks publics notamment les céréales à des fins de sécurité alimentaire. Malgré tout cela, « Des progrès importants ont été réalisés. Nous avons des décisions sur les subventions aux pêcheries, le programme de travail concernant le commerce électronique ainsi que le moratoire sur les ADPIC en situation de non-violation et les plaintes motivées par une autre situation », a déclaré Roberto Azevêdo, le directeur général de l’OMC lors de la clôture officielle de la 11e Conférence ministérielle à l’hôtel Hilton à Buenos Aires.
Un accord en 2019. Pour la première fois, les membres se sont engagés à atteindre la cible 14.6 des ODD (Objectifs du Développement Durable) tout en fournissant des informations sur leurs programmes de subventions afin de mener à bien les négociations. Et ils ont convenu de continuer à participer de manière constructive aux négociations sur les subventions aux pêcheries en vue de l’adoption d’un accord à la 12e Conférence ministérielle qui aura lieu en 2019. Il s’agit notamment d’un accord sur des disciplines complètes et efficaces interdisant certaines formes de subventions à la pêche tout en éliminant les subventions qui contribuent à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). Des mesures et des traitements spéciaux pour les pays en développement et les pays les moins avancés comme Madagascar devraient être inclus dans ces négociations. En outre, d’autres décisions ont été prises à propos du programme de travail sur les petites économies et la création d’un groupe de travail sur l’adhésion du Soudan du Sud à l’OMC à l’issue de cette Conférence ministérielle.
Compromis. Par contre, « les autres questions relevant du pilier des négociations sur l’agriculture n’ont pas non plus été résolues. Les ministres se sont déclarés déçus de l’absence de progrès et se sont engagés à poursuivre les négociations sur toutes les questions pertinentes restantes, notamment pour faire progresser les travaux sur les trois piliers de l’agriculture, à savoir le soutien interne, l’accès aux marchés et la concurrence à l’exportation », a soulevé le directeur général de l’OMC. Ils vont également continuer à discuter sur l’accès aux marchés pour les produits non agricoles, les services, le développement, les ADPIC, les règles, le commerce et l’environnement. Par ailleurs, « le développement et l’inclusivité doivent également rester au cœur de notre travail. Ils restent certainement au cœur de mes priorités dans tout ce que nous faisons. Si nous n’améliorons pas la vie des plus pauvres ou si nous n’offrons pas la moindre chance à la concurrence, nous ne faisons pas notre travail », a-t-il enchaîné. Il a également exhorté les membres qui s’engagent à poursuivre toutes les négociations après Buenos Aires à faire de vraies recherches tout en changeant de mentalité et en faisant des compromis même si c’est parfois douloureux.
Maintien. Quant à l’avenir du système commercial multilatéral, beaucoup d’Etats-membres y compris Madagascar ont soutenu le maintien de l’Organisation. « Si nous soutenons réellement l’OMC, si nous le faisons vraiment, nous devons garder à l’esprit que le multilatéralisme ne signifie pas que nous obtenons ce que nous voulons. Cela signifie que nous obtenons ce qui est possible. Et encore une fois, je souligne que le système n’est pas parfait. Mais c’est le meilleur que nous avons. Et nous allons tous regretter profondément si jamais il cessait de fonctionner », a-t-il conclu.
Navalona R. (Buenos Aires)