
Une année après la tenue de la Conférence des bailleurs et des investisseurs (CBI) à Paris, les fonds étrangers attribués à Madagascar pour appuyer son développement se chiffrent en milliard de dollars. Mais les fruits de l’utilisation de ces fonds se font encore attendre…
Madagascar affiche une très bonne performance durant cette année 2017, si l’on ne se référait qu’aux finances publiques. Les bailleurs de fonds ont d’ailleurs confirmé cette tendance dans leurs rapports d’évaluation, notamment dans le cadre de l’exécution du Programme économique soutenu par la FEC (Fonds élargi de crédit) du FMI (Fonds Monétaire International), ainsi que de la réalisation des différentes réformes. Cependant, cette performance n’a pas encore d’impact direct sur le niveau de vie de la population. Certes, le régime dirait le contraire en se référant à ses « inaugurations » en grande pompe par-ci et par-là… mais l’opinion publique a une toute autre version, d’après les résultats de notre enquête. Des prix à la hausse, le pouvoir d’achat qui se dégrade davantage, des infrastructures en très mauvais état (même celles qui, nouvellement construites, n’ont jamais été utilisées par le public), l’insécurité qui persiste, et bien d’autres problèmes liés à la fonction régalienne de l’Etat… tels sont, généralement, les propos de la population par rapport à la situation actuelle.
Confiance. Si le régime gagne petit à petit la confiance des partenaires techniques et financiers, il perd celle du peuple. Et pourtant, les chiffres devraient être favorables à une bonne image politique. Au niveau des recettes internes, les réalisations ont toujours dépassé les prévisions indiquées dans la loi de finances. A la deuxième semaine de ce mois de décembre, par exemple, les Douanes ont déjà atteint 94% de leurs objectifs prévus dans la LFR (Loi de finances rectificative), avec les 1.873,5 milliards d’Ariary ; et la Direction générale des impôts était également à 93,12% avec 2.075,6 milliards d’Ariary. Au niveau des dépenses, le montant des engagements était à cette date à 5.587,3 milliard d’Ariary. En ce qui concerne les financements extérieurs, la Banque Mondiale a accordé 75,8 millions USD de dons pour soutenir l’environnement, l’agriculture, la pêche, l’industrie extractive et les finances publiques. Elle a également accordé deux prêts de 162,1 millions USD et un fonds de 7,8 millions USD pour la préparation de projets. De son côté, la FMI a également toujours approuvé les décaissements de la FEC, avec un accord de rétrocession de 50 millions USD. La BAD (Banque africaine de développement) qui figure parmi les partenaires fidèles a attribué un don pour l’appui budgétaire pour la compétitivité économique, d’un montant de 10 millions d’UC. Cette institution a également ratifié un accord de contre indemnisation de 40 millions USD pour garantir un prêt contracté par Madagascar avec Deutsche Bank. Pour l’Union européenne, les plus marquantes sont les deux accords de prêt de 140 millions d’Euros ratifiés à travers la Banque européenne d’investissement, au profit du secteur infrastructure. Les Nations Unies ont octroyé un don de 450.000 USD pour améliorer la collecte de documentation et les bonnes pratiques.
Efficience. La liste est longue. La Coopération allemande a également offert un prêt de 51,3 millions d’Euros d’appui budgétaire, ratifié avec la Deutsche Bank ; ainsi que les 14 millions d’Euros pour l’électrification de la région SAVA. La Chine a accordé ses fameux 105,2 millions USD pour la « fameuse construction » de voie rapide reliant l’aéroport d’Ivato et le Boulevard de l’Europe. Parmi les plus impressionnants figure le prêt du Japon d’un montant de 45 214 millions d’Yens pour le projet d’extension du port de Toamasina. Viennent encore la France, l’Arabie Saoudite, l’Inde, etc. Bref, Madagascar ne devrait pas avoir de problème de financement. Au contraire, c’est la capacité d’absorption qui pose toujours problème. D’après les témoignages de l’Association des maires des communes rurales à Madagascar, la réalisation des projets coûte deux fois moins cher, lorsqu’elle est faite directement par la Commune. D’après ces élus locaux, il faudrait confier ces projets de développement aux collectivités décentralisées, pour une meilleure efficience. Pour l’heure, la population reste victime d’une paupérisation continue, malgré les richesses, les potentialités et les financements dont le pays a accès.
Antsa R.