
Cet e-commerce est porteur d’opportunités mais aussi de défis majeurs spécialement pour les pays moins avancés comme la Grande Ile.
Le commerce électronique devient incontournable alors que Madagascar connaît encore un retard technologique. En effet, « la Grande Ile occupe le 134e rang sur les 137 pays selon le classement de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement) sur l’e-commerce. Et d’après les statistiques de l’Union Internationale de la Télécommunication, seul un million de personnes sur les 24 millions d’habitants à Madagascar sont des utilisateurs d’internet ». Cécile Barayre, Economiste dans la Section de l’analyse des TIC au sein de la CNUCED l’a déclaré lors d’une conférence-débat sur le commerce électronique co-organisée par la Banque Mondiale, les ministères du Commerce et de la Justice ainsi que le Comité de Pilotage pour le Développement du Commerce Electronique (CPDCE) hier au CCIA.
Défis majeurs. Cependant, « l’e-commerce est porteur d’opportunités mais aussi de défis spécialement pour les pays moins avancés comme Madagascar. Parmi les défis majeurs, on peut citer entre autres, les infrastructures et le renforcement du cadre juridique afin d’établir la confiance des consommateurs face à la cybercriminalité. En fait, sans l’électricité il n’y aura pas de connectivité. Mais il faut également des routes pour acheminer les produits périssables comme le litchi vers le marché. L’éducation et la formation des jeunes doivent également correspondre aux besoins du futur numérique », a-t-elle soulevé. Notons que la loi sur l’e-commerce a été déjà adoptée en 2014. Il en est de même pour les lois sur les transactions électroniques, la signature électronique, la cybercriminalité, la protection des données personnelles et la monnaie électronique. On attend maintenant leurs décrets d’application. Des magistrats, des avocats et des décideurs ont suivi une formation pratique pendant quatre jours afin de renforcer ce cadre juridique.
Culture technologique. Parlant des opportunités, « L’e-commerce favorise les échanges tout en améliorant la participation du pays au commerce international et aux chaînes de valeur. Cela contribue en même temps à la réduction de la fracture numérique et géographique. Mais qu’adviendra-t-il des boutiques physiques ? Quels seront les impacts sur le marché du travail et la Balance des Paiements du pays, car il y aura moins de devises en circulation ? La protection des consommateurs face aux produits contrefaits et aux arnaques ainsi que la protection des données personnelles s’imposent également, sans oublier le développement de la logistique », a évoqué Andry Tiana Ravalomanda, le Directeur général du Commerce Extérieur. En outre, « une culture technologique doit être inculquée aux utilisateurs de l’internet pour ne pas se faire avoir. Et il y a toujours de nombreuses innovations comme l’utilisation des drones pour la livraison des produits », a-t-il poursuivi. Pour sa part, Gil Razafintsalama, représentant le CPDCE, a souligné que l’application des réglementations sur le commerce électronique pourrait constituer un frein à son développement. « Il faut d’abord soutenir le secteur privé à se lancer dans l’e-commerce », a-t-il conclu.
Navalona R.