
Pour le membre du CREM et non moins doyen de la Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie (DEGS) , il faut appliquer la vérité des prix dans le secteur pétrolier.
« Les prix à la pompe sur le marché sont largement en deçà des cours de référence internationaux ». D’emblée, le Pr. Rakoto David Olivaniaina, membre du Conseil d’Administration du Cercle de réflexion des Economistes de Madagascar (CREM) plante le décor. Les automobilistes et les usagers de la route doivent se préparer à cette rude réalité. Ces derniers mois, le prix des carburants à la pompe a suivi une tendance à la baisse. Cette embellie ne devrait pas faire long feu, « dans la logique du contexte économique et des réalités géopolitiques internationales », soutient le doyen de la Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie.
Offre et demande. Le marché pétrolier de la Grande île est largement tributaire de l’offre et de la demande, « mais à l’échelle internationale, comme tous les pays qui ne produisent pas de pétrole », explique -t-il. Ces fluctuations internationales sont les résultats de divers facteurs : la hausse de la production des pays membres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), la demande venant des gros consommateurs, comme l’Europe, les Etats-Unis ou la Chine et souvent les facteurs climatiques.« Du fait de ces impondérables, nous n’avons pas une capacité d’anticipation précise. Il est impossible pour nous de prévoir sur le long terme le prix des carburants, car nous nous approvisionnons sur le marché international». Les pays producteurs de pétrole, quasiment en situation d’oligopole, ont la capacité de fixer les prix selon la loi de l’offre et de la demande ou en fonction des stratégies qu’ils veulent appliquer. Les foyers de conflit dans les pays du Golfe n’arrangent pas la situation. La guerre en Syrie et l’instabilité en Irak, tous deux d’importants producteurs de pétrole par exemple, créent une forte tension sur le marché international. Tous ces facteurs doivent être pris en compte dans le marché pétrolier.« La politique publique a permis de maintenir les prix à Madagascar »,
Réalité. Sur le marché malgache, le prix à la pompe est composé par le prix référence à la frontière, la logistique (transport et le stockage), les frais et marge de distribution, les taxes et les redevances.A l’heure actuelle, du fait de l’accroissement de la demande internationale et de la hausse du baril, les prix actuels ne sont plus tenables. Il faut réviser les prix. Actuellement, le litre du gas-oil et celui de l’essence s’affichent respectivement à 3190 et 3 840 ariary auprès des stations-services, ce qui, pour le doyen de DEGS« nuit à l’économie ». « Le taux de change est un autre aspect important dans la délimitation des prix. L’ariary n’a cessé de dégringoler. La monnaie nationale a perdu près de 500 ariary par rapport à l’euro. Or, nous achetons en devises nos produits pétroliers », estime-t-il. Selon les calculs du CREM, le litre devrait augmenter de 700 à 1 000 ar pour se conformer à cette réalité. Du fait de ces différents facteurs, Madagascar est dos au mur. « Les bailleurs de fonds exigent aussi l’application de la vérité de prix. Les financements extérieurs dont nous sommes dépendants sont conditionnés par cette approche. Or, nous n’avons pas de sources de financement alternatives »,soutient-il. Pour lui, la hausse est inéluctable et elle devrait être très prononcée. A son avis, «nous n’avons plus le choix. L’Etat doit procéder à cette approche ».
Propos recueillis par R. O