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Exportation : Le commencement de la fin pour la vanille malgache

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La vanille malgache perd de plus en plus en qualité.

Entre 2005 et 2010, la demande mondiale de vanille a fortement baissé en raison de la hausse sans précédent des prix à l’exportation. Le même scénario risque de se reproduire si des mesures efficaces ne sont pas prises par les opérateurs et les autorités.

« En revanche, en tant que l’un des principaux producteurs de vanille dans le monde, Madagascar a continué de profiter de l’envolée des prix de la vanille sur le marché international. Les recettes d’exportations de la vanille ont permis de limiter le déficit de la balance courante extérieure, préserver la valeur de la monnaie locale, et de constituer un niveau correct de réserves en devises ». C’est ce que l’on peut notamment lire dans un récent rapport de la Banque mondiale. Cette situation a été d’ailleurs confirmée par le Gouverneur de la Banque  centrale Alain Rasolofondraibe qui a déclaré récemment que la stabilité de l’ariary par rapport aux devises de référence que sont l’euro et le dollar provient en partie de cette hausse des prix de la vanille. Et cela se vérifie d’ailleurs sur le marché, puisque la vanille verte s’écoule actuellement dans la SAVA à plus de 100.000 ariary le kilo.

Compte à rebours

Et à ce rythme, la flambée des prix qui va encore se poursuivre fera en sorte que les prix à l’export vont encore prendre une proportion qui va tout simplement tuer la filière d’ici à l’année prochaine. Certains observateurs ne manquent d’ailleurs pas de supputer que le compte à rebours est commencer pour la fin de la vanille malgache. Comme l’année dernière le kilo de la vanille préparée, vrac atteindra cette année les 1.400.000 ariary, voire plus. Du coup, sur le marché international, les prix pourraient une fois de plus atteindre les 500 et 600 dollars USD. Un prix exorbitant aux yeux des opérateurs de l’industrie de l’arôme naturel et des restaurateurs qui risquent tout simplement de procéder à ce que l’on appelle, une reformulation dans le jargon du marché international de la vanille. La reformulation survient quand les opérateurs décident d’abandonner la vanille naturelle et d’opter pour des produits de synthèse. Selon les exportateurs, le kilo de la vanille exportable ne doit pas dépasser les 200 USD si l’on veut maintenir la filière sur le long terme.

Vanilline

Parallèlement à cette hausse des prix, la vanille malgache perd de plus en plus en qualité. L’insécurité galopante et les mauvaises pratiques culturales contribuent dangereusement à cette perte de qualité. En témoigne cette réaction d’un spécialiste de la filière. « Les articles concernant la vanille font toujours état de la qualité de la vanille produite à Madagascar. Mais la réalité est bien autre, et depuis quelques années avec la mise sous vide des vanilles (ce qui est formellement interdit pourtant 100%% de la production de la Grande Ile est mise sous vie par les collecteurs et planteurs), la qualité n’a cessé de se dégrader: les récoltes sont immatures, les pratiques de transformation ne sont plus suivies, juste la spéculation est de mise, sans considération pour la qualité du produit. A tel point qu’une grande partie des vanilles actuellement produites devraient être déclarées impropres à la consommation. Elles dégagent une odeur de purin bien loin des parfums qui ont fait la renommée de cette épice. Si vous rajoutez à cette situation des prix prohibitifs, il est logique de voir les industriels qui sont les premiers clients de Madagascar se désintéresser de la vanille naturelle. D’autant que des solutions alternatives existent notamment avec la vanilline issue de bio fermentation. Pour bien comprendre les enjeux: on extrait des gousses de vanille une molécule aromatique, la vanilline. Cette molécule pour être synthétisée artificiellement, c’est la vanilline de synthèse qui coûte 12 $ / kg. On peut maintenant, et les Chinois viennent de construite une immense usine pour couvrir les besoins mondiaux, produire de la vanilline par un procédé de bio-fermentation à partir de matière première naturelle: pomme de terre, betterave, etc. Le prix de cette vanilline qui reste naturelle, puisqu’issue de  la nature est d’environ 50 USD le kilo.

Concurrence

L’autre menace vient de la concurrence des autres pays producteurs qui tentent de se faire un peu plus de place en profitant de la défaillance de Madagascar. On rappelle en effet qu’en 2016-2017, Madagascar a produit 1300 à 1500 tonnes de vanille exportable. La production malgache est estimée à 82% de la production mondiale. Les autres pays producteurs montent de plus en plus avec 5% de la production mondiale pour l’Indonésie, 4% pour l’Ouganda, 3% pour la Papouasie Nouvelle Guinée, 2% pour l’Inde. Bref, la vanille malgache qui a été longtemps estimée sur le marché mondial se présente actuellement sous des perspectives de développement plus limitées. La crise continue de miner la filière qui a connu des hauts et des bas et la vanille malgache perd de plus en plus en crédibilité. Sa disparition sur l’industrie mondiale des arômes n’est pas encore attendue, mais si des mesures de redressement ne sont pas prises dans les meilleurs délais, la filière vanille risque de sombrer totalement. Avec ce que cela suppose de conséquences désastreuses pour les dizaines de milliers d’intervenants de la filière. Mais également et surtout pour la balance commerciale du pays et bien évidemment pour les taux de change car la fin de la vanille provoquera inévitablement une dépréciation de l’ariary.

R.Edmond

 


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