
« Nous acceptons d’engager les discussions pour voir si le projet est avantageux pour nous, mais cela ne signifie pas que nous serons d’accord », ont précisé les représentants de la communauté locale de Soamahamanina.
L’exploitation artisanale d’or est un moyen de subsistance pour une grande partie de la population de la Commune de Soamahamanina. Face au projet de la société chinoise Jiuxi Mines de démarrer ses activités de recherche et d’exploitation, la communauté locale a protesté contre le projet. « Nous ne voulons pas d’une société étrangère pour exploiter ces ressources car nous savons le faire nous-même. De plus, une exploitation industrielle présente un grand risque sur la santé et l’environnement » : telle était la seule version des habitants de la Commune, lors d’une tentative de consultation publique organisée par la société, en présence de l’Office national pour l’environnement (ONE), le 4 février 2016. A noter que le permis minier du site en question a été octroyé par l’Administration minière en 2006. Mais à l’époque, le titulaire était la société malgache Tanetilava, qui a décidé de céder son droit à la société Jiuxi Mines. Le 4 mars dernier, une délégation de l’Administration minière, composée de représentants du BCMM (Bureau de cadastre minier de Madagascar), de l’ANOR (Agence nationale de la filière Or) et du ministère auprès de la Présidence en charge des Mines et du Pétrole, a effectué une descente sur les lieux, à la rencontre des habitants de Soamahamanina, pour un éclaircissement sur les réglementations régissant les ressources minières, ainsi que les démarches à entreprendre, pour les projets d’exploration ou d’exploitations divers.
Dialogue. Après une séance d’exposés et de questions-réponses, la communauté locale a affirmé qu’elle est prête à engager le dialogue avec la société chinoise. « Dans les réseaux sociaux, on parle toujours de mauvais impacts des exploitations de ressources minérales. Cependant, beaucoup disent qu’un tel projet pourrait mener à un développement de la Commune d’accueil. Nous voulons d’abord voir de quoi il s’agit car les bruits qui courent affirment que des habitations et des sites sacrés seront délogés. Une telle chose serait inacceptable et nous sommes prêts à tout pour éviter que cela se produise. Nous voulons plutôt des infrastructures et des projets sociaux », ont indiqué les représentants de la communauté locale. En d’autres termes, les habitants de Soamahamanina sont prêts à négocier avec la société chinoise, mais seront fermes sur leurs propositions.
Politique. De son côté, le maire de la Commune a évoqué la suspicion d’une manœuvre politique, qui atteint même l’église. « Depuis la consultation publique ratée du 4 février, un groupe d’individus se lance dans une campagne de sensibilisation pour protester contre le projet. Ils mobilisent même 4 motos. Une telle activité est très coûteuse pour des habitants de cette commune, alors on se demande d’où vient le financement de cette campagne. En outre, même durant la messe à l’église, on entend des invitations à une manifestation populaire contre le projet d’exploitation d’or. Une manifestation, qui fort heureusement n’a pas eu lieu, car les habitants ont préféré s’informer lors de la descente de l’Administration minière sur les lieux. Les écoliers ont également été invités par leurs enseignants à venir à la manifestation, mais les parents ont protesté contre cela », a informé le maire Rabesahala Solo Théophile. Bref, les habitants de Soamahamanina sont prêts à engager le dialogue avec la société chinoise et préparent déjà toute une série de conditions et de requête.
Antsa R.