MIDI : Quelles sont pour vous les vraies causes de la pauvreté ? Avez-vous une solution à proposer ?
J.J Ratsietison : Avant de parler des solutions, il faut identifier les vraies causes de la pauvreté et il y en a deux : 1/ La 1re cause est celle induite par la « pauvreté intellectuelle » (Fahantrana ara-tsaina) qui se caractérise par le fait que les économistes malgaches apparemment les plus écoutés s’accrochent aux théories livresques venues de l’extérieur totalement inadaptées aux réalités malgaches, voire inventent des théories pour justifier le système existant.
2/ La 2e cause de pauvreté est celle engendrée mécaniquement par le MID qui s’explique très simplement : quand on dévalue une monnaie de 100 %, on ampute le pouvoir d’achat de toute la population de 50 %; une autre dévaluation de 100 % diminuera ce pouvoir d’achat résiduel de 50 % de moitié, le réduisant à 25 %. De là, on peut se poser les questions suivantes : si on divisait votre pouvoir d’achat par 4, pourriez-vous encore payer vos loyers ? Pourriez-vous continuer à assumer les besoins sanitaires et alimentaires de votre famille de la même façon qu’auparavant ? La réponse à toutes ces questions est bien entendu NON. Or la dévaluation de la monnaie malgache ne s’est pas limitée à ce malheureux exemple d’une dévaluation de 100 % suivie d’une autre de 100 %, puisqu’elle est aujourd’hui en cumulé à plus de 5 200 % à cause exclusivement du MID. C’est bien le MID qui a atrophié le pouvoir d’achat de la quasi-totalité des Malgaches et mis notre économie à genoux. Je mets au défi n’importe quel pays, même les plus puissants, de dévaluer de 5 200 % et de ne pas se retrouver mécaniquement dans la même situation de pauvreté extrême qu’à Madagascar.
MIDI : La suppression du MID est-elle vraiment indispensable? J.J Ratsietison: La 1re mesure de salut public à prendre est donc la suppression du MID pour au moins 3 raisons. La 1re raison est que le système mis en place par le MID répond à la définition du génocide considéré par le droit international comme un crime, défini et condamné par la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée à l’unanimité par l’assemblée générale de l’O.N.U. le 9 décembre 1948. Le génocide s’entend de l’un des actes cités par ladite Convention commise dans l’intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel, dont notamment l’acte de « soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ». Et la Convention de préciser « peut être coupable de génocide aussi bien un particulier qu’un Etat (…) ». Les 5 200 % de dévaluation causés par le MID soumet la quasi-totalité de la population malgache à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale : les familles malgaches ne mangent plus à leur faim, la malnutrition est généralisée et il est aujourd’hui strictement interdit à quiconque de tomber malade. Le taux de mortalité infantile est l’un des plus élevés au monde et l’espérance de vie réduite à moins de 40 ans. La 2e est qu’il impose la convertibilité de fait de l’ARIARY, qui n’est pas convertible, en obligeant la Banque Centrale de Madagascar (BCM), à satisfaire toute demande de devises étrangères, qui n’aura pas trouvé de contrepartie sur le MID sous peine de voir l’ARIARY être déprécié par le marché, au travers de la loi de l’offre et de la demande. De ce fait, les financements extérieurs ne servent exclusivement à l’Etat malgache qu’à racheter sa propre monnaie sur son propre territoire et crée au profit des Banques étrangères une situation d’enrichissement sans cause, car il leur suffit de les échanger contre de l’Ariary en faisant de la création monétaire et/ou par de simples jeux d’écriture comptable. Ainsi, si les 5 milliards de dollars de dettes contractées par le président Ratsiraka sous le régime d’un taux de change fixe, lui ont permis à tout le moins de financer les désormais fameux « investissements à outrance » certes critiquables à tous les égards, les 7 milliards de dettes acquises sous le régime du MID par le Président Ravalomanana n’auront même pas permis de réparer une seule centrale de la JIRAMA. La 3e raison est de simple bon sens : il faut être aveugle, idiot ou criminel pour accepter cette convertibilité forcée et le pseudo loi de l’offre et de la demande, alors que la balance des paiements malgache est en déficit structurel car cela équivaut à un véritable suicide économique, la preuve en est bientôt toute la population en-dessous du seuil de pauvreté. L’état de notre déficit doit en principe nous priver de toute aide du Fonds Monétaire International dont les statuts interdisent tout financement de déficits structurels, mais ce dernier a toujours contourné cette interdiction en utilisant des appellations fallacieuses comme les FRPC ou facilités pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance dont on a vu l’inutilité et l’inefficacité, puisqu’elles n’ont servi exclusivement qu’à combler le déficit structurel de la balance des paiements.
Jean-Jacques RATSIETISON
The post Jean Jacques Ratsietison : « Au moins trois raisons pour supprimer le MID » appeared first on Midi Madagasikara.