
Les statistiques enregistrées en 2015 font état de 400 individus matures dans la Baie de Baly. Par contre, plus de 2 000 individus ont été recensés dans les ménages en Thaïlande.
Les tortues « Angonoka » sont en danger critique d’extinction. En 2008, son aire de répartition ne s’étendait plus que sur 18km². Ces rares spécimens ne se trouvent que sur un territoire plus restreint, soit dans l’aire protégée de la Baie de Baly à Soalala, à Mahajanga. Leur exploitation surtout dans cette zone protégée constitue un crime, selon le Code des Aires Protégées. Raison pour laquelle, l’Alliance Voahary Gasy, la plateforme des organisations de la société civile œuvrant pour l’environnement, se soucie énormément de la protection de ces tortues endémiques de Madagascar en luttant contre les trafics de nos ressources naturelles via la mise en œuvre du projet ALARM (Application des Lois contre les Abus sur les Ressources Naturelles de Madagascar).
Prix exorbitant. En fait, « ces tortues « Angonoka » sont très convoitées dans le monde entier. Et selon les derniers recensements effectués par Durell Wildlife Conservation Trust, la Thaïlande possède en ce moment plus de spécimens que Madagascar alors qu’il s’agit d’une espèce endémique au pays », a évoqué Ndranto Razakamanarina, le PCA de l’Alliance Voahary Gasy lors d’une conférence de presse hier à son siège. « Les statistiques enregistrées en 2015 font état de 400 individus matures dans la Baie de Baly. Par contre, plus de 2 000 individus ont été recensés dans les ménages en Thaïlande. Ceux-ci les apprivoisent en tant qu’animaux de compagnie. Plus ce spécimen devient rare, plus son prix est exorbitant. Rien que sur le marché local, les trafiquants qui ont été arrêtés dernièrement, ont vendu entre autres, une tortue à 250 USD. Sur le marché international, le prix s’élève à dix fois plus que cela au minimum », a-t-il poursuivi.
Neuf affaires. Face à cet état de fait, l’AVG ne cesse d’interpeller l’Etat pour montrer une réelle volonté politique à mettre un terme à ce trafic de tortue qui a connu une recrudescence depuis 2009. « Depuis la mise en œuvre du projet ALARM, nous avons traité neuf affaires relatives à la saisie des tortues radiata et angonoka, faisant l’objet de trafic. Et près de 20 trafiquants ont été incarcérés, dont deux personnes ont obtenu une liberté provisoire », a-t-il enchaîné. Noyons que l’AVG travaille en étroite collaboration avec la Douane, les ministères concernés tels que la Justice, l’Environnement et la Gendarmerie, pour ce faire. Et le 02 mars 2017, quatre personnes ont été appréhendées par la Douane à l’aéroport d’Ivato pour tentative d’exportation illicite de huit bébés tortues « Angonoka » à destination de Bangkok en Thaïlande via La Réunion. « Deux d’entre elles ont été déférées au parquet. Et lors de leur audition, un agent de police aurait été également impliqué dans cette affaire. Mais l’enquête se poursuit. Par contre, le procès de ces deux trafiquants pris en flagrant délit se tiendra ce jour. La direction régionale du Ministère de l’Environnement Analamanga se portera comme partie civile à ce procès », a expliqué Antsa Andriamanarivo, un juriste au sein de l’AVG.
Sanctions exemplaires. Pour ce genre d’infraction, la loi 2005-018 prévoit que toute personne qui tente d’exporter de tortue « Angonoka », qui est inscrite dans l’annexe I de la CITES, soit interdite de commercialisation, sera puni d’une peine de deux à dix ans d’emprisonnement et d’une amende de Ar 100 000 000 à Ar 200 000 000. « Jusqu’à maintenant, nous sommes satisfaits de la décision prise par le Tribunal. Néanmoins, nous réclamons à ce que des sanctions exemplaires soient prises à l’encontre des trafiquants tout en luttant contre la corruption », a conclu le PCA de l’AVG.
Navalona R.