
Une capacité technique faible, un contexte difficile, tel est le diagnostic établi par les experts nationaux et étrangers issus de divers continents, concernant l’industrialisation à Madagascar. Selon eux, des changements structurels et institutionnels de l’économie s’imposent pour réussir.
Si la volonté politique existe, comment faire avec le contexte actuel pour industrialiser la Grande-île ? C’est la grande question sur laquelle se sont penchés les participants à l’atelier organisé par FES (Friedrich-Ebert-Stiftung), les 3 et 4 novembre derniers au Carlton Anosy. En effet, parmi les participants à cet atelier figurent des experts internationaux, doctorants de diverses universités comme celles d’Oxford, Cambridge, St Andrews Ecosse, Lusaka Zambie, Londres, ainsi que de représentants des sociétés civiles, malgache et étrangers, des organisations comme l’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel), le GIZ (Coopération allemande), etc. Pour Madagascar, la situation est encore défavorable à l’industrialisation d’après ces experts. Durant les discussions, plusieurs problèmes ont été évoqués à l’exemple de la divergence de vision, même entre groupements d’opérateurs, l’absence du dialogue public-privé, l’Etat faible qui engendre une industrialisation faible.
Incapacité. Le contexte actuel ne convient pas encore au lancement du processus d’industrialisation. Même pour l’élaboration de la politique industrielle concoctée depuis plus de six mois, la capacité technique est insuffisante, d’après les spécialistes. Il faut croire que des changements sont à opérer avant de pouvoir espérer une industrialisation pour la Grande Ile. Pour l’économiste doctorant Rado Ratobisaona, présent à l’atelier, il faudrait une coalition entre les entités politiques, afin de pouvoir déterminer une ligne directive. « Les partis politiques se considèrent comme des ennemis. Cela empêche la continuité des efforts menés. Il s’agit d’un problème commun en Afrique, que nous devons résoudre. Sinon, on ne pourra pas mettre en place des politiques sectorielles efficaces. Avec la situation actuelle, les investisseurs supportent des coûts supplémentaires liés aux risques, aux difficultés d’accès au marché, aux taux d’intérêt, etc. Par ailleurs, le PIB (Produit intérieur brut) par tête pour Madagascar est encore faible, soit 270USD par an. Ce contexte est fortement défavorable à l’industrialisation », a-t-il expliqué.
Défis. Africains, Européens ou Américains, les participants à l’atelier sur les nouvelles politiques industrielles à Anosy, ont présenté des cas réussis dans leurs pays respectifs. Pour Madagascar le compteur semble encore être à zéro, ou pire. Après concertation, les experts ont cité trois grands défis nécessaires pour la Grande-île. Il s’agit, en premier lieu, de la transformation structurelle. « Madagascar n’a pas d’approche sectorielle. On ne connait pas vraiment le poids de chaque secteur dans l’économie car on se résume aux trois grands secteurs d’activités (primaire, secondaire et tertiaire), qui sont pourtant vagues ». En deuxième lieu, il faudrait un changement institutionnel et promouvoir le bureaucrate intègre, afin de réduire la corruption et d’améliorer les indicateurs du Doing Business. Enfin, parmi les stricts nécessaires, les participants à l’atelier ont martelé la nécessité de la capacité de l’Etat à imposer l’application d’une politique industrielle. Bref, il faut un Etat fort et redevable.
Absorption. A noter que mis à part les bénéfices pour le secteur privé, l’industrialisation permet également à l’Etat d’améliorer ses ressources. Cela s’accompagne pour le pays de transferts de technologie dans la phase d’apprentissage, d’accaparer les marchés domestiques et internationaux, d’absorber les technologies extérieures et d’améliorer chaque chaîne de valeur. Mais avant d’arriver à ce stade, les dirigeants ont encore du pain sur la planche. Le premier pourrait être d’avoir enfin des responsables capables de maîtriser les données macroéconomiques.
Antsa R.
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