
Entre 2005 et 2010, la demande mondiale de vanille a fortement baissé en raison de la hausse sans précédent des prix à l’exportation. Le même scénario risque de se reproduire si des mesures efficaces ne sont pas prises par les opérateurs et les autorités.
Dans la SAVA, certains planteurs et collecteurs de vanille ne manquent aucune occasion pour faire la fête. Les multimillionnaires de l’or noir malgache dépensent sans compter pendant les fêtes où amusent leurs proches dans les bars et restaurants des grandes localités productrices. Avec 200.000 ariary le kilo de la vanille verte, en fin de campagne, au mois de septembre dernier, les planteurs ont eu le temps de se faire beaucoup d’argent. Les collecteurs ont même fait mieux puisque le kilo de la vanille préparée, vrac a atteint cette année les 1.400.000 ariary, voire plus. Mais la fête risque de ne pas perdurer dans le temps, puisque cette hausse vertigineuse des prix de la vanille, risque, une fois de plus, de tuer la filière.
Reformulation
Sur le marché international, le kilo de la vanille est actuellement situé entre 500 USD et 600 USD. Un prix exorbitant aux yeux des opérateurs de l’industrie de l’arôme naturel et des restaurateurs qui risquent tout simplement de procéder à ce que l’on appelle, une reformulation dans le jargon du marché international de la vanille. La reformulation survient quand les opérateurs décident d’abandonner la vanille naturelle et d’opter pour des produits de synthèse. « Le prix idéal pour maintenir la filière vanille ne doit passer les 200 dollars le kilo », déclare un exportateur qui craint tout simplement le pire avec ce prix actuel qui est au-delà des 500 USD. Le premier risque pourrait venir des autres pays producteurs qui augmentent actuellement leur production, pour pouvoir profiter également de ce prix très élevé. Au final, on sera confronté dès la prochaine campagne à une surproduction, provoquant une nouvelle chute des prix qui sera bien évidemment fatale à la filière.
3000 tonnes de demande
Pour rappel, Madagascar a produit 1300 tonnes de vanille exportable en 2016. Avec une qualité qui continue de faire de la Grande Ile, la capitale mondiale de la vanille. Pour la campagne 2017, la production est estimée entre 1400 tonnes et 1500 tonnes exportables. A cela va s’ajouter la production des autres pays producteurs comme l’Inde, l’Indonésie, la Papouasie Nouvelle Guinée. Depuis 2015, l’on estime à 3000 tonnes, la demande de vanille naturelle. Autrement dit, si une bonne politique est mise en place pour maintenir la qualité de la vanille malgache et maîtriser les prix, la filière peut encore être sauvée. Selon un opérateur de la vanille, la hausse des prix a provoqué ces dernières années, une baisse de 30% de la demande. Ce qui représente 900 tonnes de vanille (sur les 3000 tonnes) qui ne trouveront pas preneurs. Ce qui pourrait, une fois de plus provoquer une nouvelle baisse des prix et donc d’une autre crise de la filière vanille qui demeure encore et toujours, l’un des principaux produits d’exportation de l’économie malgache
R.Edmond.