
Une grande manifestation s’est tenue hier à l’Université d’Antananarivo. Les enseignants et étudiants du Département Economie tirent la sonnette d’alarme, face à la paupérisation, l’inflation, la dégringolade de l’Ariary et d’autres indicateurs alarmants.
La situation est grave au point de faire sortir les économistes de l’ombre… Bien que le chef d’Etat, ainsi que cinq membres du Gouvernement actuel, soient des économistes – presque tous convertis à d’autres spécialités – l’évolution actuelle de l’économie malgache s’annonce très mal, si l’on se réfère aux résultats de l’étude sur la pauvreté réalisée par des enseignants et étudiants du Département Economie de l’Université d’Antananarivo, en partenariat avec l’organisme français IRD (Institut de Recherche pour le Développement), dans le cadre du projet Nopoor. « Le PIB (Produit intérieur brut) par tête, à Madagascar, était à 440USD en 1992. Cet indicateur était à 415USD en 2016. Le taux de pauvreté suit cette tendance inquiétante », ont noté ces économistes, dans une lettre ouverte adressée aux citoyens malgaches. Outre ces indicateurs inquiétants, l’évolution du cours de pétrole et la récession du secteur agricole à cause des aléas climatiques nécessitent également des mesures spécifiques. « Si l’on parle de sécheresse, cela se passe généralement sur deux ou trois ans. Il faut prévoir ce fléau en 2018. Dans le passé, Madagascar a déjà connu la pénurie de riz. On avait importé des fertilisants et des semences pour améliorer la production, cela a donné des résultats impressionnants. Les dirigeants actuels devraient se référer à cette expérience … Par ailleurs, nous devons penser à la mécanisation agricole et à l’industrialisation, car cette étape est indispensable pour le développement d’un pays très peuplé comme le nôtre », a indiqué le Pr Mamy Ravelomanana.
Volonté. De son coté, le Dr Hery Ramiarison a évoqué la nouvelle loi sur les ZES (Zones économiques spéciales) qui pourrait aggraver la paupérisation des populations vulnérables, s’il n’y a pas de mesures d’accompagnement adéquates. « La mise en place de ces zones implique que certains ménages seront délogés de leurs habitations. Il faut les placer ailleurs, et mettre à leur disposition des emplois convenables », a ajouté Mamy Freddy Andriamalala. Par ailleurs, la précarité de l’emploi et l’instabilité politique figurent parmi les facteurs qui favorisent la pauvreté à Madagascar, d’après les résultats de recherches du projet Nopoor. En bref, les pratiques et la structure de l’économie malgache favorisent la pauvreté de la majorité et l’enrichissement de quelques « élites ». D’après les chercheurs économistes, c’est à cause de cet avantage que les minorités « décideurs » tiennent à maintenir le système actuel. Pour les économistes de l’Université, il est temps de mettre fin à cette prédation.
Antsa R.