Une délégation malagasy conduite par le ministère de l’Industrie et du Développement du Secteur Privé a effectué un voyage d’études en Ethiopie pendant une semaine avec l’appui de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung et la coopération de l’ambassade de Madagascar dans le pays. Elle est composée des représentants des institutions tels que la Présidence, le Sénat et le ministère des Finances et du Budget ainsi que des représentants du secteur privé et des syndicats comme le SIM et le FIVMPAMA.
Interventionnisme. Durant le voyage d’études, cette délégation a rencontré des hautes personnalités étatiques dont le Président de la République et le Conseiller du Premier ministre tout en visitant des institutions comme la banque centrale, le parc industriel de Hawassa et Ethiopian Airlines. L’exemple réussi de l’Ethiopie en matière d’industrialisation et d’application d’un Etat développementiste a inspiré cette délégation malagasy. C’est ce qui a été évoqué lors d’une conférence-débat organisée hier à l’hôtel Colbert. L’Etat développementiste se définit comme étant un Etat promoteur et développeur tout en pratiquant l’interventionnisme et le nationalisme. Un concept qui va à l’encontre du modèle néolibéral, où aucune intervention sur le marché n’est souhaitée et où, seules les fonctions régaliennes doivent être assurées par l’Etat.
Taux de croissance le plus élevé. L’Etat éthiopien contrôle ainsi son économie en décidant des secteurs où il faut investir et a misé sur les infrastructures pour attirer des vrais investissements étrangers et non des opérateurs commerçants. Du coup, le pays a connu un taux de croissance le plus élevé en Afrique de 2004 à 2014. Sa croissance a été quatre fois plus rapide par rapport à la moyenne africaine et ayant toujours dépassé les 10% depuis 2006. Pourtant ce pays était auparavant caractérisé par un sous-développement et des grandes famines périodiques. Il semble réussir aujourd’hui son pari de développement. Les résultats dans les domaines sociaux et économiques sont remarquables.
Infrastructures. A titre d’illustration, toutes ces sociétés d’Etat se développent rapidement pour ne citer que la compagnie Ethiopian Airlines qui va commander maintenant 30 Boeings. L’Ethiopie a aussi effectué un développement massif des infrastructures comme le 7e plus grand barrage hydro-électrique mondial, fournissant une puissance de 6 000 Mégawatts, et ce, avec la contribution propre des citoyens, compte tenu de sa redevabilité. Le pays n’a pas non plus ouvert le capital de ses banques d’Etat malgré les recommandations du Fonds Monétaire International. L’Etat malagasy doit ainsi inspirer de cet exemple de l’Ethiopie en développant notamment les infrastructures de base afin de booster l’industrialisation. Le problème de Madagascar réside également sur le fait que le pays a une forte dépendance de l’extérieur, a-t-on conclu.
Navalona R.