Ce sont les propos de Roberto Azevêdo, directeur général de l’OMC. La pandémie de covid-19 a bouleversé l’économie de tous les pays du monde.
De ce fait, le commerce mondial des marchandises devrait enregistrer une chute brutale à deux chiffres, entre 13% et 32% en 2020. Les régions les plus touchées seraient notamment l’Amérique du Nord et l’Asie. En outre, la baisse inévitable du commerce et de la production aura des conséquences douloureuses pour les ménages et les entreprises, en plus des souffrances humaines causées par le coronavirus lui-même. Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Roberto Azevêdo, l’a déclaré lors d’une conférence de presse qui s’est tenue au siège de l’OMC, à Genève, ce mercredi 8 avril 2020.
« La reprise des échanges commerciaux attendue en 2021 est incertaine », estime le directeur général de l’OMC, Roberto Azevêdo.
Chaînes de valeur complexes. En outre, « les économistes de l’OMC pensent que cette baisse sera probablement supérieure à la contraction du commerce causée par la crise financière mondiale de 2008-2009 », a-t-il enchaîné. Il est probable que la baisse du commerce mondial soit plus forte dans les secteurs caractérisés par des chaînes de valeur complexes, notamment ceux de l’électronique et des produits automobiles. Il se pourrait également que le commerce des services soit la composante du commerce mondial la plus directement touchée par la covid-19. Les restrictions imposées dans le domaine des transports et des voyages ainsi que la fermeture de nombreux établissements de vente au détail et d’hébergement, en sont les principales raisons. Des secteurs d’activité entiers de différentes économies nationales ont également été fermés. On peut citer entre autres l’hôtellerie, la restauration, le commerce de détail non-essentiel, le tourisme et une part importante de l’activité manufacturière.
Planifier l’après-pandémie. Force est de constater que tous les pays victimes, dont Madagascar, se penchent actuellement sur la maîtrise de cette pandémie et l’atténuation de ses impacts socio-économiques sur la population et les entreprises. « Mais les responsables politiques doivent commencer à planifier l’après-pandémie dès maintenant. Une relance rapide et vigoureuse est possible, même s’il est indéniable que les chiffres sont mauvais. Les décisions prises aujourd’hui détermineront ainsi la forme de la reprise et les perspectives de croissance mondiale. Nous devons de ce fait poser les fondements d’une reprise forte, soutenue et socialement inclusive », a-t-il soutenu.
Reprise incertaine. Par ailleurs, le directeur général de l’OMC a évoqué que « pour stimuler les investissements renouvelés dont nous aurons besoin, il sera essentiel de maintenir l’ouverture et la prévisibilité des marchés, ainsi que de privilégier un environnement économique plus généralement favorable ». Mais la reprise des échanges commerciaux, attendue en 2021 par l’OMC, est encore incertaine puisque tout dépendra de l’évolution de la pandémie de coronavirus et de l’efficacité des mesures adoptées pour y faire face. « Mais si les pays travaillent main dans la main, nous aurons une croissance beaucoup plus rapide que si chacun agit seul », a conclu le directeur général de l’OMC, Roberto Azevêdo.
La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé mercredi la création d’un fonds doté de dix milliards USD, afin d’aider ses pays membres régionaux à lutter contre la propagation de le covid-19 sur le continent.
Une grosse enveloppe de dix milliards de dollars américains. Ce fonds est à disposition des gouvernements et de l’ensemble des acteurs du secteur privé d’Afrique. Il s’agit d’une initiative du Groupe de la BAD, dont Madagascar est membre, et qui fera de cette institution le relais principal pour diriger les opérations dans les pays concernés, et dans le contexte de crise actuel. Le président du Groupe de la BAD, Akinwumi Adesina, a indiqué que cette enveloppe tenait compte des difficultés budgétaires de nombreux pays du continent.« L’Afrique est confrontée à d’énormes défis budgétaires pour agir efficacement face à la pandémie de coronavirus. La Banque africaine de développement déploie toutes ses capacités de réponse à l’urgence pour aider l’Afrique en ce moment critique. Nous devons protéger des vies. Ce fonds aidera les pays africains dans leurs efforts pour contenir la propagation rapide de le covid-19 », a-t-il déclaré, en saluant le soutien indéfectible des administrateurs de la BAD.
Le Groupe de la BAD est l’acteur le plus actif en Afrique, en termes de financement de la lutte contre le coronavirus.
Répartition. Le fonds est doté de 5,5 milliards de dollars pour les opérations souveraines dans les pays membres de la BAD ; et de 3,1 milliards de dollars pour les opérations souveraines et régionales via les pays du Fonds africain de développement, le guichet de prêt à taux concessionnels du Groupe de la BAD chargé de répondre aux besoins des pays fragiles. Un montant supplémentaire de 1,35 milliard de dollars sera consacré aux opérations du secteur privé.« La mise en place de ce dispositif a exigé un effort collectif et du courage de la part de tout notre personnel et de nos actionnaires », a souligné la vice-présidente principale par intérim de la BAD, Swazi Tshabalala, qui a parlé de la création de ce fonds.
Ambitieuse. A noter qu’il y a deux semaines, la BAD a émis un emprunt obligataire social, baptisé « Combattre le covid-19 », d’un montant record de trois milliards de dollars, soit le plus grand emprunt social libellé en dollars américains émis sur le marché international des capitaux. La semaine dernière, le conseil d’administration de la BAD a également approuvé l’octroi d’une aide d’urgence covid-19 de deux millions de dollars pour soutenir les interventions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le continent. Selon le président du Groupe de la BAD, nous vivons une époque exceptionnelle, où il faut prendre des mesures audacieuses et décisives pour sauver et protéger des millions d’Africains. D’après ses dires, la BAD est engagée dans la course pour sauver des vies et aucun pays membre ne sera laissé pour compte.
Propos de Faly Rasamimanana, président directeur général de la société Faly Export. Le secteur de l’agriculture est peu touché par le coronavirus. En effet, les paysans ont pu améliorer leur rendement de productivité grâce à tous les appuis qu’ils ont reçus au début de la campagne culturale.
En revanche, « au moment de la récolte, de nombreux produits agricoles sont jetés faute de preneur. D’autant plus que ce sont des produits périssables », a révélé Faly Rasamimanana, le PDG de la société Faly Export. Cet opérateur économique œuvre notamment dans le domaine du développement rural. Il constate entre autres que c’est la saison de production de l’orange notamment, dans la partie est de Madagascar. « Une infime quantité de cette production a pu être vendue par les paysans, faute de moyen de transport servant à l’écouler sur le marché. Bien que l’orange soit un aliment très important permettant d’augmenter notre système immunitaire pour faire face à cette épidémie, les consommateurs ne peuvent pas s’en procurer à cause de l’effritement de leur pouvoir d’achat », a-t-il fait remarquer.
Une grande quantité de production d’oranges est jetée.
Percer le marché extérieur. Tout récemment, la production de carottes dans la commune d’Ampary à Analavory, a été vendue à prix bradé car les collecteurs n’y viennent pas. C’est également la période de production de pommes. Et le même scénario va se produire. Force est pourtant de reconnaître que l’agriculture constitue un des piliers de développement de Madagascar. « Il faut ainsi réinvestir davantage dans ce secteur pour pouvoir relancer notre économie nationale après cette crise sanitaire. Ce qui nous permettra de percer dès maintenant le marché extérieur. En effet, les consommateurs, aussi bien nationaux qu’étrangers, vont prioriser leurs achats en produits de première nécessité notamment les produits alimentaires bio », d’après toujours les explications de Faly Rasamimanana.
Changement de stratégie. Par ailleurs, il a avancé que tous les ménages et les entreprises doivent réviser leurs dépenses face à cette crise sanitaire. Un changement de stratégie et de comportement s’impose ainsi. Il a cité entre autres la création des secteurs d’activité comportant des chaînes de valeur, et ce, en se basant sur le développement de l’agriculture.
Face à la pandémie du COVID-19 et les mesures sanitaires prises par le pouvoir, l’art de vivre tananarivien, surtout dans le secteur de la restauration, veut tenir le coup en rebondissant avec la livraison à domicile. La rude concurrence accompagne les compressions de personnel.
Sandwichs, pizzas et paninis sont les dernières « armes » pour la survie de nombreux restaurateurs à Antananarivo. (Photo : Tsiro Laqué)
À la guerre comme à la guerre, malgré des délaissés sur le champ de bataille pour les dizaines de restaurants de la taille de PME dans la capitale, depuis le début du confinement partiel, donc l’interdiction de rassembler plus de 50 personnes et le respect des distances sociales. Les tables d’Antananarivo ont décidé de passer au service à la commande. Entre « fast-food » et gastronomie, certaines grandes enseignes n’ont pas hésité à opter pour cette roue de secours.
Pionnier de la pizza à emporter situé en plein centre-ville à Analakely, Le Point D’exclamation a décidé de relancer les livraisons à domicile depuis le 7 avril, allant de la pizza au poulet pané, des tapas jusqu’au burger. Le principe est élémentaire : faire parvenir aux clients les commandes sans qu’ils ne bougent de chez eux. Ces derniers pourront profiter de délicieux repas, tout en évitant les déplacements qui pourraient les exposer au COVID–19. Il a fallu prendre une décision puisque le confinement partiel n’est pas un cadeau pour les entreprises privées (sauf pour certaines).
« En réalité, cela ne marche pas. Si on traduit cela en chiffres, nos pertes atteignent les 60 %. Prenons des chiffres au hasard. Si en temps normal, nous pouvons gagner cent mille ariary journellement, là c’est à peine si on atteint les quarante mille. Alors, nous le faisons juste pour satisfaire nos clients. Le personnel a été compressé et nous ne maintenons que ceux qui sont indispensables à la marche de l’entreprise. Nous avons des charges comme le loyer, l’électricité… », explique Antonio Fournier, gérant du restaurant Tsiro Laqué. Si chez les professionnels, des mesures strictes répondant aux normes sont prises, depuis quelques jours, des particuliers décident également de se lancer dans le business, incitant les observateurs à se poser des questions sur la sécurisation des livraisons, particulièrement au niveau sanitaire.
Derrière cet esprit entrepreneurial à la limite de la survie se cache une autre réalité. Une responsable dans un restaurant réputé d’Antananarivo ne s’en cache pas. « J’ai dû réduire le nombre de mes employés de 8, passant de 27 à 9 pour l’instant. Mais plus rapidement on remonte, plus vite je peux réembaucher les anciens et éviter les dégâts ». Quinze jours de confinement partiel, pas moins de six sociétés dans le secteur de la gastronomie et de la restauration d’Antananarivo envisagent de mettre les clés, définitivement, sous la porte.
De plus, ces quinze jours de confinement risquent de porter le coup de grâce aux métiers de bouche. Les restaurateurs, les services traiteurs, les salles de réceptions, surtout pour les mariages, connaissent également des baisses conséquentes d’activité. D’autant plus que ces derniers ne savent pas encore vers qui se tourner. Des coups de tête venant de certains secteurs, comme des cabarets ou des casinos, sont à envisager vers la fin de cette deuxième période de confinement partiel. Cela pour dire que si la classe ouvrière a été directement frappée par les dispositions sanitaires, la classe moyenne commence également à en ressentir les impacts.
Aujourd’hui, les PME malgaches tentent tant bien que mal de survivre aux diverses charges à payer, malgré la suspension de leurs activités.
La COVID-19 a obligé les dirigeants malgaches à prendre des mesures de confinement qui affectent durement l’économie locale. Les petites et moyennes entreprises (PME) parlent aujourd’hui de problème de survie.
Aucune entreprise naissante ne peut survivre à la crise de la COVID-19 sans appui extérieur. C’est ce qu’ont soutenu les représentants des PME, issus de divers secteurs d’activités, et qui comptent constituer un groupement de jeunes entreprises de moins de cinq ans. En effet, l’économie toute entière est fortement touchée par cette crise, notamment par les mesures de confinement prises par l’État. « Nous savons tous que la phase de lancement est toujours délicate pour une entreprise. Dans les autres pays, surtout ceux qualifiés de pays émergents, l’État offre des mesures incitatives aux entreprises naissantes, afin de favoriser l’entrepreneuriat. A titre d’exemple, cela peut être des subventions, des exonérations ou allègements fiscaux, pendant les deux à cinq premières années d’exercice. A Madagascar, l’absence de tels appuis pousse les entrepreneurs à entrer dans le secteur informel. Mais il y a ceux, comme nous, qui ont formalisé leurs activités. Malheureusement, la crise actuelle menace sérieusement ces entreprises, qui pourraient toutes disparaître », ont exposé ces représentants de PME.
Défavorisées. Les dispositions prises par l’État pour alléger les impacts sociaux et économiques de la pandémie de la COVID-19 sont saluées par de nombreux acteurs. Cependant, ces PME affirment qu’elles sont délaissées comparativement aux autres. « Les zones franches ont bénéficié du marché des masques pour sauver leurs activités. Il faut reconnaître que ces grandes entreprises offrent beaucoup d’emplois. Mais ensemble, les PME ont également un énorme poids dans ce domaine. D’autant plus que la plupart des PME sont créées par des entrepreneurs malgaches, avec des investissements locaux. Bref, l’État devrait nous accorder ces mesures d’incitations dont nous dépendons désormais. Les reports d’échéance ne résoudront rien car les charges à payer vont toujours peser sur nos finances. Nous ne demandons aucune subvention ni aucun marché. Nous demandons juste des exonérations fiscales, si l’État veut vraiment que les PME survivent à cette crise », ont-elles martelé. Pour appuyer leurs propos, ces entrepreneurs ont mis en avant les charges fixes à payer, à l’exemple des loyers, malgré la crise et la suspension de leurs activités. La récession économique semble inévitable pour cette année. La Banque mondiale vient d’indiquer dans son rapport une croissance négative de -2,1% à -5,1% pour les pays d’Afrique subsaharienne. Pour les PME à Madagascar, 2020 sera tout simplement une année de survie, pour celles qui auront résisté à la crise.
Le prix minimum d’achat varie entre 15 000 et 25 000 ariary, avec un prix de livraison variant entre 2 000 et 10 000 ariary.
Pour faire face au coronavirus, la population est sollicitée à consommer davantage de fruits et de légumes afin de renforcer son système immunitaire, et ce, tout en respectant le confinement. Une expansion des ventes en ligne de ce genre de produits est observée sur les réseaux sociaux afin de répondre à ses besoins quotidiens. D’autres commerçants proposent même une boucherie où l’on trouve de la viande de zébu, de porc et de poulet ; ainsi que des poissons frais qui sont mis en vente par kilo, toujours en e-commerce (en ligne).
Les fruits et légumes mis en vente en ligne sont des produits frais, selon les promoteurs. (Photo d’illustration)
Produits frais et conditionnés. Certains internautes ont salué cette belle initiative, d’autant plus que les ventes en ligne facilitent leur vie, selon leurs dires. D’autres émettent des commentaires en disant qu’il y a quand même un abus concernant la fixation des prix du kilo des fruits et légumes, ainsi qu’au niveau des frais de livraison. Pour d’autres consommateurs, les prix sont abordables. A titre d’illustration, un commerçant en ligne offre des pommes de terre, des carottes et des tomates à raison de 2 500 ariary le kilo, alors que le prix réel affiché sur marché s’élève à moins de 2 000 ariary le kilo. Pour les fruits, entre autres, le kilo de bananes coûte 3 000 ariary au lieu de tout au plus 2 000 ariary sur le marché. Et ce n’est pas tout. Le vendeur livre le tout à 10 000 ariary par course. Un autre vendeur en ligne commercialise un pack de fruits et légumes pesant en tout 10 kilos pour un total de 25 000 ariary. Il y a également un pack boucherie, comportant 1 kilo de côte de porc, 1 kilo de bœuf, 1 kilo de poisson, 1 kilo de poulet et 1 kilo de frites de pomme de terre. Ce pack est proposé à 70 000 ariary. Le prix de livraison varie entre 3 000 ariary pour le centre-ville, et 5 000 ariary en périphérie. Un autre commerçant en ligne propose des fruits et légumes bien lavés et épluchés et mis dans un emballage sous-vide pour un prix de 15 000 ariary.
Crédibilité. Des internautes soulèvent l’utilité de la pratique durant cette période de confinement. Le client qui passe commande doit effectuer au minimum des achats d’une valeur de 15 000 ariary, parfois 25 000 ariary selon le commerçant, pour que sa commande soit acceptée. Il peut choisir les variétés de fruits et légumes à mettre dans son panier. Le prix de la livraison varie entre 2 000 ariary et 10 000 ariary, encore une fois selon le commerçant. Les vendeurs en ligne rassurent quant à la fraîcheur des produits, et leur livraison dans les 24 heures. Dans la plupart des cas, les ventes en ligne, malgré leur expansion, perdent toute leur crédibilité étant donné que les marchandises livrées ne correspondent pas à ce qui est proposé sur les réseaux sociaux. Un client a témoigné que le poids des légumes commandés ne correspondait pas à ceux qui lui ont été livrés. Il a également souligné que les fruits étaient trop mûrs. Un autre client s’est dit être satisfait de ce service en ligne.
Les poulets de chair, tout comme les autres volailles, ne trouvent pas preneur en cette période de Pâques. (Photo
Les aviculteurs ne sont pas les seules victimes de la crise sanitaire qui prévaut dans le pays. Les autres parties prenantes de ces filières d’élevage à cycle court sont également touchées.
Chaque année, la Pâque est le moment le plus profitable pour les éleveurs de poulet de chair et de poule pondeuse. En effet, en temps normal, ils réalisent de meilleures ventes de viandes de poulet et d’œufs durant cette période. Mais cette année est différente. « La filière poulet de chair et la filière poule pondeuse sont actuellement en péril à cause de la crise sanitaire qui prévaut dans le pays. Les aviculteurs ne s’y attendaient pas. Une chute brutale des ventes de poulet de chair et d’œufs est observée en ce moment », a déclaré Andriamananarivo Rabearivelo, président du conseil d’administration de Malagasy professionnels de l’élevage (MPE).
Mesures de confinement. L’impact économique de la covid-19 sur ces deux filières porteuses est énorme. En effet, « cette chute brutale des ventes est dûe principalement à la limitation des heures de commercialisation des produits avicoles, suite aux mesures de confinement partiel appliquées par l’Etat, notamment dans la région Analamanga. Auparavant, les éleveurs commençaient leur livraison auprès des points de vente à partir de 2 heures du matin, ce qui n’est plus possible aujourd’hui en raison du couvre-feu. Ils le font désormais à partir de 5 heures du matin. Ils n’ont ainsi pas assez de temps pour assurer la distribution de ces produits avicoles chez les commerçants détaillants. Ces derniers ne peuvent également ouvrir leurs boutiques que jusqu’à midi. Dans ces circonstances, un commerçant n’arrive à vendre, entre autres, que 15 à 20 poulets de chair par jour, contre 100 avant les mesures de confinement. En outre, la faiblesse du pouvoir d’achat des consommateurs a également été un facteur qui a entraîné une chute de la vente de ces produits avicoles », a-t-il expliqué.
Soucis de trésorerie. Par ailleurs, les prix des poulets de chair et des œufs ont en conséquence dégringolé. « Les aviculteurs ont été obligés de vendre à perte pour pouvoir écouler à tout prix leur production. A titre indicatif, le kilo du poulet de chair vif se vend à 4 500 ariary, alors que son prix de revient s’élève à 6 400 ariary le kilo. Quant à l’œuf, le prix de l’unité au départ de la ferme est descendu à 250 ariary, contre 370 ariary avant les mesures de confinement. Les éleveurs de poulets de chair et de poules pondeuses rencontrent ainsi des soucis de trésorerie. Ils auront du mal à redémarrer leurs activités étant donné que ce sont les recettes issues de leurs ventes qui conditionnent leur réinvestissement dans leurs filières », a fait savoir le PCA de MPE. D’autant plus, après un cycle de 35 à 45 jours, l’élevage de poulet de chair n’est plus rentable. Si les volailles ne sont pas abattues, les éleveurs doivent encore engager des dépenses importantes pour leur alimentation journalière.
Chercher une solution. Face à cet état de fait, le MPE, qui est une plateforme regroupant tous les acteurs opérant dans le secteur de l’élevage, va bientôt réunir les membres concernés afin de chercher une solution. « Il n’y pas que les éleveurs qui sont victimes de cette crise sanitaire, mais aussi les autres parties prenantes de ces deux filières porteuses en péril. On peut citer, entre autres, les producteurs de poussins d’un jour qui ne trouvent plus maintenant preneur ; ainsi que les fournisseurs de provendes et des produits vétérinaires », a conclu le PCA de MPE.
Le coronavirus frappe également de plein fouet le secteur pétrolier. Mais dans un avenir proche, les consommateurs pourront souffler, car les prix à la pompe vont probablement baisser.
La distribution de carburants figure parmi les secteurs particulièrement frappés par la crise sanitaire mondiale du coronavirus. Sur le plan mondial, les cours du brut sont en chute libre et sur le plan local, on assiste à une baisse vertigineuse des ventes dans les stations-services.
Morose. R.M est désemparé. Gérant d’une station service depuis de nombreuses années, il n’a jamais connu une situation pareille dans sa carrière : une baisse de 90% du volume des ventes journalières. « On arrive à peine à écouler le dixième de notre capacité normale » explique-t-il. Habitué à vendre entre 2 000 litres et 3 000 litres par jour, il arrive à peine à écouler entre 100 litres et 200 litres en cette période de confinement durant laquelle l’après-midi la vente est pratiquement nulle. En effet à partir de midi, rares sont les voitures qui circulent. En tout cas, avec cette baisse de 90% des ventes, l’avenir s’annonce morose pour les stations-services, dont les boutiques sont aussi pour la plupart fermées. « Si cette situation persiste, on sera peut être amenés à prendre des mesures comme la compression du personnel »poursuit R.M, qui espère par ailleurs un appui de l’administration.
Tendance mondiale. Un avenir sombre en somme pour le secteur pétrolier. Du moins dans l’immédiat, puisqu’à moyen terme, la situation peut tourner à l’avantage des consommateurs. En effet, avec une baisse très importante des cours du brut qui tournent actuellement autour des 20 dollars le baril, les prix à la pompe vont probablement baisser dans les deux mois qui viennent. Faut-il en effet préciser que la détermination des prix à la pompe se fait notamment sur la base de la moyenne des cours du brut sur une période de deux mois. Or, avec la tendance actuelle, ces cours vont encore rester à des niveaux très bas. Non seulement parce que l’économie mondiale continue d’être à l’arrêt, mais également parce que les stocks mondiaux de pétrole vont augmenter. Des spécialistes du secteur pétrolier parlent même actuellement d’une saturation des capacités de stockage mondiales. En ce qui concerne les cours de change, qui sont l’autre facteur d’évolution des prix à la pompe, on assiste actuellement à une dépréciation de l’ariary par rapport au dollar, qui est la devise de référence du marché pétrolier mondial. Mais cette dépréciation de l’ariary par rapport au billet vert ne suffira pas à bloquer cette possible baisse des prix à la pompe. En effet, il s’agit ici d’une tendance mondiale puisqu’en France par exemple, le litre de sans plomb est maintenant à 1,30 euros, soit à 25 centimes de moins qu’en janvier.
La covid-19 n’a pas généré qu’une catastrophe sanitaire. Cette pandémie a durement affecté l’économie mondiale, et en particulier le marché du pétrole.
Alors que le monde entier est en pleine bataille face à la propagation de la pandémie du coronavirus, les économistes et analystes financiers mettent en exergue la crise profonde causée par l’effondrement sans précédent du prix du baril de pétrole. Le jeune groupe Think Tank Oil and Gas Madagascar nous livre son point de vue sur la situation et les perspectives du secteur amont pétrolier. Déjà, il faudrait dire que des tensions géopolitiques avaient fragilisé vers fin 2019 le marché du pétrole et concouru à une chute des prix du baril, selon ce groupe composé de différents professionnels du secteur du pétrole en amont. Les cours du pétrole se sont considérablement effondrés depuis le 9 mars dernier, et ce, malgré la tentative de conclusion d’un accord entre les pays exportateurs de pétrole (OPEP) afin de réduire la production et maintenir les prix du brut. Le 31 mars, le baril de pétrole s’est échangé à moins de 10 dollars sur les principaux marchés nord-américains. C’est le plus bas niveau du brut en 18 ans dans la région, selon l’Agence Ecofin. La réunion des pays membres de l’OPEP et non-OPEP du 6 mars à Bruxelles fut un échec car les participants représentants de ces pays n’arrivaient pas à s’entendre sur une stratégie commune, et le prix du brut s’est davantage effondré. Les analystes prévoient un choc pétrolier dans les quatre ou cinq ans à venir.
À la sortie de la crise de la covid-19, l’enjeu du secteur pétrole en amont sera déterminant pour l’économie, selon le groupe Think Tank Oil and Gas Madagascar. (Photo d’un forage d’une compagnie chinoise – Archives)
Défavorable aux investissements. Une baisse du prix du pétrole sur le marché international constitue à priori une bonne nouvelle pour les pays importateurs, car elle leur permet de réduire le montant de leurs dépenses énergétiques. Mais la réalité est toute autre. D’une part, cette baisse de prix sur le marché international est le corollaire immédiat d’une diminution considérable de la demande globale causée par le ralentissement – voire l’arrêt- des activités économiques et le confinement généralisé dans presque tous les pays du monde. D’autre part, dans de telles conjonctures, ces baisses ne se répercuteront pas sur le prix à la pompe et sur les utilisateurs finaux à des fins de stabilisation macro-économique, ainsi que par interventionnisme dans les pays importateurs. Dans le cas du confinement généralisé, l’effet favorable sur la consommation et la croissance au niveau mondial ne s’applique plus puisque la consommation baisse également, quoique de manière temporaire, mais pour une durée indéterminée. A l’inverse, les pays exportateurs de pétrole voient leurs recettes et leurs perspectives de croissance diminuer. Dans ce même registre, une baisse de prix continuelle mettrait en péril non seulement le secteur amont mais aussi le secteur parapétrolier, qui est tributaire des opérations d’exploration et de production. Le pétrole peu coûteux réduirait, voire annulerait l’intérêt et la rentabilité des investissements pour la production et l’utilisation des alternatives de sources d’énergie. Les impacts de cette situation ne sont pas négligeables pour les pays africains, producteurs ou non producteurs de pétrole, pour lesquels début 2020, les perspectives dévoilaient pourtant une nouvelle décennie riche en promesses pour le pétrole et le gaz africain. En effet, il se pourrait que des compagnies reportent leurs décisions finales d’investissements dans des projets d’exploration et de production de pétrole ou de gaz. D’autres suspendraient leurs projets, ou réduiraient drastiquement leurs dépenses d’investissements ou leurs effectifs, et des compagnies productrices fermeraient vraisemblablement des puits. Le 31 mars 2020, le groupe de consultants Wood Mackenzie a publié un rapport d’études du marché pétrolier qui présume que l’effondrement des prix du pétrole et la pandémie de coronavirus ont obligé le secteur amont pétrolier africain de réduire ses dépenses d’investissement d’environ 33% cette année.
Cas de Madagascar. En ce qui concerne le secteur amont pétrolier, Madagascar dispose des bassins sédimentaires qui sont en grande partie sous-explorés et qui ont une chance raisonnable de trouver des hydrocarbures productifs, confortée par les récentes découvertes de gaz au Mozambique et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Est et du Sud. Mais, selon le Think Tank Oil and Gas Madagascar, la Grande île n’a pas pu profiter jusqu’à ce jour de l’existence de réserves prouvées de grès bitumineux et d’huile lourde. Madagascar n’a pas pu attirer de nouveaux investissements pour l’exploration tangible du pétrole conventionnel, a raté à plusieurs reprises les opportunités d’investissements et, de cette manière, n’a pas pu permettre le développement d’autres acteurs locaux liés directement et indirectement aux activités du pétrole amont. Nul ne peut prédire quand la pandémie aura totalement fini de sévir, ni comment le déconfinement et la reprise des activités vont se produire. En revanche, une chose est sûre : les économies de tous les pays subissent les répercussions de cette pandémie comme dans la théorie des dominos, et ses conséquences seront néfastes pour les pays développés et encore pires pour les pays non développés. Les économistes de l’OCDE présagent une grave crise si l’épidémie s’aggrave ou continue de sévir durant les prochains mois, étant donné que le pic de la pandémie est encore à venir dans certains pays.
Impuissance. Madagascar est aussi en plein confinement, mais pour combien de jours encore ? Cette crise se terminera bien un moment ou un autre. La question qui taraude est la suivante : à la fin de la crise, le pays se réveillera-t-il assommé par les préjudices économiques et sociaux en tout genre, ou y aura-t-il une planification de solutions ou de réponses coordonnées pour y faire face ? Quoi qu’il en soit, une sortie de cette crise se prépare pour mieux réussir la croissance socio-économique. Madagascar prépare un plan de mitigation pour d’abord sauvegarder son tissu industriel et ensuite relancer son économie par l’injection de capitaux. On peut augurer une relance effective si les capitaux qui seront nouvellement injectés serviront d’investissements en actifs réels. Dans le cas contraire, s’ils ne serviront qu’à essuyer les pertes subies, qu’à payer les arriérés de fonctionnement et à renflouer les caisses, la relance tant espérée sera périlleuse. On peut admettre que Madagascar, comme tant d’autres pays africains, est impuissant face au bouleversement du marché du pétrole. Dans ce contexte, il y a lieu de faire un long regard rétrospectif sur le contexte « pays » en général, et sur le secteur « amont pétrolier » en particulier, tout en sachant que les investissements se décident à travers des raisonnements perspectifs. Au milieu de toutes les perspectives réjouissantes de l’Initiative pour l’Emergence de Madagascar, quelle place le pouvoir actuel donnera-t-il à ce secteur amont pétrolier pour le redressement économique ? Comment Madagascar se positionnera-t-il, dans le nouvel ordre pétrolier mondial ?
Nouveau Code attendu. Le secteur amont pétrolier de Madagascar connaît déjà une baisse de ses activités et un atermoiement de son développement depuis ces cinq dernières années. La crise sanitaire actuelle risque de porter un coup fatal à ce secteur déjà en souffrance. Depuis 2015, les autorités malgaches cogitaient sur la révision du Code pétrolier, car selon le ministre chargé des Ressources stratégiques d’antan, nombre des dispositions relatives au secteur amont pétrolier sont erronées et ne sont plus conformes aux normes. Il avait même déclaré dans les médias que tous les éléments nécessaires pour la réalisation des réformes du Code pétrolier étaient réunis. En ce temps-là, le processus d’élaboration du nouveau Code a été déclenché et les parties prenantes ont été consultées. Mais par la suite, le processus a été abandonné – ou mis en stand-by ? – pour des raisons non exprimées. Le Code pétrolier demeure ainsi tel qu’il est, sans révision aucune, en 2020, au milieu d’une crise mondiale sans précédent. Faudrait-il rappeler que dans un contexte de sortie de crise, la concurrence sera intensifiée quelle que soit la vitesse de la reprise. Dans ce contexte, les investisseurs rechercheront les activités qui leur assureront un niveau de performance optimal, dans les pays les plus attractifs garantissant le moins de risques pour leurs investissements. Après la crise sanitaire, une solution miracle n’existera pas pour remédier efficacement et rapidement aux effets de la crise pétrolière ; les rebonds seront liés aux annonces de soutiens économiques, et un retour à la normale est possible, sous plusieurs conditions.
Attirer les investissements. A la fin de cette pandémie, l’objectif principal de tout gouvernement sera la relance de l’économie. Dans cette perspective, la restauration de la confiance des investisseurs dans tous les secteurs serait primordiale, selon le Think Tank Oil and Gas Madagascar. En matière de secteur amont pétrolier, celui-ci préconise également de prendre une série de mesures pour identifier de nouvelles opportunités de développement et d’accès à de nouvelles ressources, et renforcer les compétences nationales afin de mieux gérer les grands projets. D’après les explications, une gestion plus innovante du capital humain s’impose pour répondre aux nouvelles réalités économiques. Le document stratégie de l’Initiative pour l’Emergence de Madagascar mentionne que le secteur des hydrocarbures est l’un des secteurs les plus susceptibles de contribuer considérablement à l’émergence du pays par un fort potentiel de levier économique. Si la reprise des activités pétrolières sera lente après la crise, cela donnera l’occasion pour Madagascar de revoir et de restructurer le cadre institutionnel et le cadre légal du secteur amont pétrolier, pour instaurer effectivement les principes de bonne gouvernance et de gestion efficace. Pour le Think Tank Oil and Gas Madagascar, ce sera la seule et unique façon de redonner confiance aux investisseurs potentiels, et de relancer ainsi l’industrie pétrolière de ce pays. Il est temps de s’y mettre.
Plusieurs opérateurs économiques estiment que les entreprises victimes de cette crise sanitaire doivent bénéficier d’un fonds d’aide directe de la part de l’Etat.
Le secteur industriel n’a pas été épargné par cette crise sanitaire qui prévaut à Madagascar. En effet, selon une source auprès du Syndicat des industries de Madagascar (SIM), plusieurs industries sont actuellement en cessation d’activité. « Nous avons une rupture de stocks de matières premières. Ce sont notamment des intrants importés. L’approvisionnement de ces matières premières est en fait perturbé en raison de l’arrêt de toutes les activités économiques dû au confinement dans les pays d’origine. C’est pourquoi,nos unités de production ne tournent plus. En outre, louer des bus pour le transport du personnel, et aménager les sites de production pour pouvoir respecter la distance d’un mètre constituent une charge supplémentaire pour les autres industries qui sont déjà en difficulté », a témoigné un opérateur membre du SIM.
Situation catastrophique. Pour un autre industriel, opérant dans le secteur agroalimentaire, la chaîne de distribution de marchandises au départ de l’usine jusqu’aux consommateurs finaux est complètement bloquée. « Les grossistes ne vendent plus nos marchandises puisqu’elles ne sont pas considérées comme des produits de première nécessité. Les camions qui devraient faire la livraison en ville sont en même temps bloqués. Au niveau des commerçants détaillants, ils ne peuvent pas non plus assurer l’approvisionnement de nos produits auprès des distributeurs, faute de moyen de transport. Enfin, les consommateurs finaux consacrent uniquement leur budget à l’achat des produits essentiels. Notre situation est ainsi catastrophique puisque la demande chute brusquement. Notre chiffre d’affaires est en train de chuter de près de 70% en ce moment », a-t-il expliqué. Et lui d’ajouter que plus de la moitié des industriels opérant dans le secteur agroalimentaire sont très touchés par cette crise sanitaire. Bon nombre d’entre eux sont déjà en cessation d’activité.
Tous les secteurs d’activité sont touchés par la crise sanitaire. (Photo d’archives)
Inquiétudes. D’autres opérateurs économiques se plaignent en martelant qu’ils ont dû suspendre leurs activités pour le moment. En effet, « même si nous continuons à produire, nous ne pouvons effectuer que deux à trois livraisons seulement auprès de nos points de vente éparpillés dans la capitale, en une demi-journée. Ceux-ci doivent fermer à midi. Du coup, les ventes sont en nette régression. A part cela, il s’avère très difficile de livrer des marchandises dans les autres régions. Accorder une vente à crédit aux distributeurs régionaux devient plus compliqué étant donné l’incertitude de la situation économique dans le pays », d’après toujours les explications d’un industriel victime de la situation. Certes, d’autres industries locales, notamment celles qui fabriquent des produits de première nécessité comme que le savon et les pâtes alimentaires, fonctionnent encore, mais elles n’ont pas caché leurs inquiétudes quant à leur avenir.
Fonds d’aide directe. « Si le confinement se prolonge le mois prochain, nous devrons procéder au chômage technique. Les fournisseurs ne cessent de réclamer leurs créances. Nos clients ne nous paient pas non plus. Pour nous, il y a un risque d’explosion sociale si l’État ne prend pas de mesures plus concrètes. En effet, les employés ont également des familles à nourrir. Nous suggérons ainsi l’allocation par l’Etat d’un fonds d’aide directe aux entreprises impactées par cette crise sanitaire, afin de palier à ces éventuels conflits sociaux. Les critères de sélection pour pouvoir bénéficier de ce fonds d’aide directe devront être déterminés par les groupements professionnels et les banques primaires. En effet, plusieurs entreprises œuvrant dans divers secteurs d’activité, même dans l’informel, rencontrent actuellement des problèmes de trésorerie », a évoqué un autre opérateur économique.
En toute transparence, le ministre de l’Economie et des Finances Richard Randriamandrato a donné aujourd’hui les informations sur les financements obtenus dans le cadre de la lutte contre la covid-19. (Photo : R. Edmond)
La pandémie de coronavirus entraîne un lot d’impacts négatifs sur l’économie. Mais le dynamisme du gouvernement, appuyé par les partenaires techniques et financiers, permet de dire que tout n’est pas perdu.
Cette année 2020 était censée être celle de la véritable relance économique. Malheureusement, il n’en sera pas ainsi puisque depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus, toutes les prévisions de croissance sont revues à la baisse.
Ralentissement généralisé. « En raison d’un ralentissement généralisé des activités économiques, le taux de croissance économique pour 2020 est révisé à 1,5% contre une prévision initiale de 5,5% »,indique le ministère de l’Economie et des Finances dans un communiqué. Le taux d’inflation quant à lui est révisé à 7,2% contre une prévision de 6,6%. En somme, l’économie est particulièrement touchée, notamment dans les secteurs les plus porteurs comme le tourisme, les transports, le commerce et les industries. Au niveau des finances publiques, les recettes publiques sont également en baisse. « Les recettes fiscales et douanières initialement prévues de 7 036,80 milliards d’ariary, ne seront plus que de 5 000 milliards d’ariary pour 2020, soit une diminution de l’ordre de 29% par rapport à la loi de finances initiale, si le ralentissement des activités économiques ne dépasse pas trois mois ». En somme, le gouvernement va se retrouver dans une situation où les ressources ne suffiront pas pour faire face aux dépenses. En effet, en sus du budget initialement prévu pour les secteurs sociaux dans la loi de finances initiale qu’il faut continuer à débloquer, les dépenses vont encore augmenter d’environ 724 milliards d’ariary pour soutenir les mesures d’urgence sociales décidées pendant le ralentissement économique.
Financements multi-bailleurs. Un ralentissement qui a en tout cas incité le gouvernement à prendre les mesures qui s’imposent. « Sous la direction du président de la République, le gouvernement a continué à travailler et les résultats obtenus sont encourageants », a déclaré aujourd’hui le ministre de l’Economie et des Finances, en marge d’une cérémonie de remise de dons par l’entreprise SFOI. Une occasion pour le Grand argentier d’annoncer les appuis des partenaires techniques et financiers (PTF) d’environ 444,10 millions USD, dont certains sont déjà décaissés et d’autres en cours de requête de décaissement. « Certains de ces financements ne sont pas initialement prévus pour la lutte contre la covid-19, mais ont été renégociés en ce sens ». Il s’agit d’un financement multi-bailleurs qui prouve une fois de plus la confiance des PTF à l’endroit de Madagascar. Ainsi, le Fonds monétaire international (FMI) a déjà accordé un appui dans le cadre de la facilité de crédit rapide pour un montant de 165,9 millions de USD. Il s’agit d’une aide à la balance de paiement, mais rétrocédé par la Banque centrale de Madagascar, pour soutenir l’équilibre budgétaire frappé par la baisse considérable des recettes. Le FMI apporte également un appui d’un montant de 18 millions de DTS dans le cadre du Catastrophe Containment and Relief Trust (CCRT), pour la période 2020-2021.
Différents appuis. La Banque mondiale apporte également ses appuis. On peut citer, entre autres, 20 millions USD à travers l’activation de la composante « intervention d’urgence conditionnelle » du Projet d’amélioration des résultats de nutrition (PARN) ; 10 millions USD pour le projet Filets Sociaux de Sécurité ; 100 millions USD d’appui budgétaire ; 87 millions USD de dons ; et 13 millions USD de prêt pour renforcer le développement du capital humain, et renforcer la capacité des agents de santé, de l’éducation et de la population. Il y a également l’appui de la Banque mondiale pour les politiques de développement pour la gestion des risques de catastrophes, pour un montant de 50 millions USD, dont 15 millions déjà décaissés au profit du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC) et utilisés au niveau du Centre de commandement opérationnel Covid-19. Il y a également d’autres appuis d’autres bailleurs, notamment l’Union européenne pour un appui budgétaire de 11,4 millions USD ; la Banque africaine de développement pour 64 millions USD en cours de négociation, dont 42 millions USD d’aide d’urgence sous forme d’appui budgétaire, 8 millions USD sous forme de restructuration au niveau des projets, et 14 millions USD sous forme d’appui budgétaire classique. Il y a enfin l’Agence Française de Développement qui apporte l’équivalent de 11,4 millions USD, dont 3 millions d’euros au profit du BNGRC et utilisés dans le cadre de la lutte contre la covid-19. Selon toujours le ministère de l’Economie et des Finances, les fonds obtenus et utilisés durant cette période crise sanitaire feront l’objet d’audit aussi bien par les organes de contrôle du gouvernement, que par les PTF eux-mêmes. En somme, crise ou pas, la transparence est de mise.
Effacement du service de la dette. Par ailleurs, Richard Randriamandrato a également confirmé aujourd’hui que Madagascar figure parmi les pays éligibles pour bénéficier de l’effacement du service de la dette. Selon lui, c’est un processus assez complexe et les négociations sont en cours avec le FMI pour les procédures d’effacement. Et d’ajouter que les détails nécessaires seront apportés en temps voulus. En tout cas, cet effacement du service de la dette permettra à Madagascar de dégager des fonds supplémentaires pour faire face à la crise sanitaire.
Les touristes internationaux ayant déjà effectué des réservations avant la crise sanitaire craignent que leur voyage à Madagascar reste incertain.
Le tourisme est l’un des secteurs les plus affectés par la crise sanitaire à Madagascar. « Nous ne réalisons aucune vente depuis l’apparition du coronavirus dans la Grande île. La situation est catastrophique. Cependant, bon nombre de nos clients étrangers réclament actuellement le remboursement de leurs billets d’avion qu’ils ont réservés bien avant cette crise sanitaire », a évoqué Bakomalala Nirinalijao, présidente de l’association des Agences de voyage de Madagascar. Celle-ci est en train de négocier avec les compagnies aériennes afin de résoudre ce problème. « Nous essayons d’expliquer à nos clients que seuls les billets d’avion flexibles peuvent être remboursables, selon les réglementations des compagnies aériennes », a-t-elle expliqué.
Voyage incertain. Concernant les billets d’avion non flexibles, les compagnies aériennes ne les rembourseront pas. « En revanche, il est possible de les utiliser à une date ultérieure. En principe, la validité d’un billet d’avion est d’un an à compter de sa date d’émission. Nous négocions ainsi pour que les titulaires de ces billets d’avion non flexibles ne paient pas de pénalités, étant donné que nous sommes dans une situation d’exception », a-t-elle poursuivi. En fait, les touristes étrangers pensent que leur voyage à destination de Madagascar reste incertain à cause de cette pandémie qui sévit dans plusieurs pays dans le monde. « D’autant plus qu’il n’y a aucune visibilité jusqu’à maintenant quant à l’issue de notre pays. Même le mode de remboursement de ces clients s’avère très compliqué, étant donné que nous n’avons aucune recette issue de la vente de billets d’avion. Qui plus est, les compagnies aériennes ne nous rembourserons pas. Certains clients sont quand même compréhensifs, compte tenu de cette situation de crise sanitaire mondiale », a-t-elle exprimé.
Coût supplémentaire. Pour l’association des Tours opérateurs de Madagascar (TOP), « seuls 15% des clients réclament un remboursement. Il s’agit notamment des clients individuels ou des familles. En revanche, les touristes qui voyagent en groupe [ne demandent pas de remboursement mais] souhaitent reporter leur séjour à Madagascar. En tant que Tours opérateurs réceptifs, nous chapeautons toute la chaîne de valeur dans le secteur du tourisme. Ainsi, mis à part l’achat des billets d’avion, les réservations d’hôtel sont également payées à l’avance. Nos principaux clients sont les Tours opérateurs émetteurs en Europe. Cependant, les pays européens poursuivent encore leur confinement jusqu’au mois prochain. Les voyages qui ont été reportés en mai sont ainsi une nouvelle fois touchés. Ces derniers seront reportés à une date indéterminée puisqu’il n’y a aucune visibilité non plus à Madagascar. Or, cela entraîne un coût supplémentaire pour les opérateurs touristiques », a fait savoir Jonah Ramampionona, le président des TOP.
Mesures d’accompagnement concrètes. Face à cette situation de crise, « les pourparlers avec les autres parties prenantes telles que les compagnies aériennes, y compris la compagnie Tsaradia, et les hôtels, sont en cours. En effet, de nombreuses réservations ont été effectuées auprès de ces entités. Et bien d’autres services ont déjà été payés à l’avance » a-t-il ajouté. Entre temps, les membres de l’association des TOP ne ménagent pas leurs efforts pour maintenir leurs emplois, tout en effectuant un travail à distance. « Mais si cela continue, des boîtes vont fermer. C’est pourquoi nous réclamons des mesures d’accompagnement plus concrètes de la part de l’Etat en faveur des opérateurs touristiques, afin de faire face à cette crise sanitaire, et de nous permettre de reprendre facilement nos activités après celle-ci », a conclu le président de l’association des TOP.
Une partie des équipements de protection offerts par l’UE aux agents du MATP et de l’ARM. (Photo fournie)
Les infrastructures routières font l’objet de nombreux projets menés par le gouvernement malgache, qui sont soutenus par l’Union européenne. Celle-ci a fait don d’équipements de protection d’une valeur de 161 millions d’ariary, au MATP et à l’ARM.
37 000 masques de protection lavables ont été reçus par le ministère l’Aménagement du Territoire et des Travaux publics de (MATP), ce 15 avril 2020. D’autres matériels arriveront dans les jours qui viennent, selon la délégation de l’Union européenne (UE), qui fait don de ces équipements. « Nous avons contribué à l’amélioration des infrastructures routières via de nombreux projets, et nous offrons une réponse d’urgence aux infrastructures touchées par les aléas climatiques. En réponse aux actions de préventions définies par l’Etat Malagasy dans la lutte contre la transmission de la covid-19, la délégation de l’UE à Madagascar a déjà apporté sa première contribution en faveur de la sécurité du personnel du MATP et de l’Agence routière (ARM), chargés de la gestion des bacs à la charge de l’Etat Malagasy ; ainsi qu’en faveur du personnel chargé du contrôle des charges routières au niveau des stations de pesage fixes et mobiles », a communiqué la délégation de l’UE, suite à la remise des premiers équipements.
Préservation et contrôles. Pour cette fois, l’appui de l’UE est plus conséquent, avec des dons d’une valeur de plus de 161 millions d’ariary. Selon les informations, cet appui est réalisé avec la collaboration logistique de l’entreprise SOGEA SATOM. Outre les 37 000 masques de protection lavables, d’autres équipements seront également mis à disposition du MATP et de l’ARM, son organisme attaché. L’UE a cité 18 000 paires de gants en vinyle ; 150 000 ml de gel hydroalcoolique ; 255 000 ml de savon lave-main en gel ; 1 200 litres d’eau de javel ; 24 seaux en plastiques ; 24 serpillères ; 120 paquets de chamoisine et 10 thermomètres. En effet, ces matériels de protection et de prévention seront distribués aux acteurs du secteur routier qui œuvrent à la préservation du réseau routier national et au contrôle des usagers. « Avec cette initiative, l’UE soutient les efforts du gouvernement pour empêcher la propagation de la pandémie par les transports terrestres et contribue à la protection des travailleurs de l’Administration publique. La délégation de l’UE à Madagascar n’aura de cesse de travailler main dans la main avec le MATP et l’ARM pour prévenir la propagation de la contagion », a souligné la délégation de l’UE. Celle-ci affirme qu’elle soutient les mesures de prévention et de réduction des risques de contagion sur l’ensemble du réseau routier national.
Autres financements. Par ailleurs, au-delà du secteur routier, l’UE a identifié trois interventions en réponse à la crise sanitaire en cours, pour un total de 18 millions d’euros, soit près de 72 milliards d’ariary. Cela concerne le déboursement accéléré de 10 millions d’euros d’appui budgétaire ; le financement à hauteur de 3 millions d’euros d’activités via la société civile dans les secteurs de la santé et de la protection sociale ; ainsi qu’une subvention de 5 millions d’euros pour la deuxième phase du Projet intégré d’assainissement d’Antananarivo (PIAA), qui sera par ailleurs cofinancé par la Banque européenne d’investissement (BEI) ainsi que l’Agence française de développement (AFD), pour un montant supérieur à 50 millions d’euros.
La pénurie de riz n’est pas à craindre malgré la crise sanitaire qui sévit dans le pays.
En effet, ce produit de première nécessité inonde actuellement les marchés de la capitale. En revanche, une tendance à la hausse du prix de la principale denrée alimentaire des Malgaches est observée. Des variétés locales comme le « vary gasy », le « makalioka » et le riz « dista », voient leurs prix varier entre 2 100 ariary/kg et 2 600 ariary/kg. Il est à noter que nous sommes en pleine période de récolte de riz. Le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (MICA) a par ailleurs assuré le ravitaillement de ce produit de première nécessité aux commerçants détaillants dans plusieurs quartiers de la capitale, depuis la semaine dernière.
Alors que certains commerçants affichent le prix du riz, d’autres ne le font pas. (Photo Kelly)
Préférence. Au marché d’Anosibe, certains commerçants affichent le prix du riz local aux alentours de 2 000 ariary le kilo. D’autres grossistes ne mettent aucune étiquette de prix pour pouvoir spéculer. En revanche, le kilo de riz, toujours de variété locale, s’achète à des prix variant entre 2 300 ariary et 2 500 ariary, dans d’autres marchés comme à Analakely, à Besarety et à Analamahitsy. Au marché d’Ambondrona, le « vary gasy » se vend même à 2 600 ariary le kilo. Quant au riz importé, le prix du kilo avoisine les 2 000 ariary. Les consommateurs n’ont pas caché leurs inquiétudes face à cette tendance à la hausse des prix de ce produit de première nécessité. Il y a certes les « Tsena mora » mis en place par l’Etat afin de soutenir les couches vulnérables, mais bon nombre de Malgaches ont une préférence pour la consommation du riz de variété locale, pour son goût.
Contrôle des prix. Rappelons qu’avant l’apparition du coronavirus à Madagascar, le prix du kilo de riz de variété locale était de l’ordre de 1 900 ariary ou 2 000 ariary tout au plus. Lors des deux premières semaines de confinement, le prix est passé à 2 100 ariary, voire 2 200 ariary. Le MICA ne ménage pas ses efforts pour assurer le contrôle des prix et éviter toute forme de spéculation. Une cinquantaine d’agents de ce département ont été envoyés sur le terrain dans le but d’inspecter les commerces qui pourraient faire d’éventuelles rétentions de stock de ce produit. En dépit de tout cela, une tendance à la hausse des prix du riz est observée sur plusieurs marchés de la capitale. La demande a entre-temps connu une baisse due à l’effritement du pouvoir d’achat de la population. Faut-il ainsi poursuivre le contrôle des prix et des stocks du riz par l’Etat ?
Roberto Azevêdo, directeur général de l’OMC, exhorte les pays membres à partager les informations sur leurs politiques commerciales liées à la covid-19. (Photo : OMC)
Aucun pays n’est autosuffisant, quelle que soit sa puissance ou son niveau de développement face à la covid-19. Pour lutter contre cette pandémie qui a affecté terriblement l’économie mondiale en quelques semaines, Roberto Azevêdo, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a fait ainsi de nouvelles déclarations à l’intention tous les pays membres, dont Madagascar.
Commerce ouvert. « Il est dans l’intérêt de tous les pays de coopérer pour maintenir le commerce largement ouvert des produits médicaux. En effet, le commerce permet la production et la fourniture efficaces d’équipements médicaux, à mesure que la maladie progresse selon des calendriers différents dans les différents pays. Le commerce est également un canal essentiel pour l’accès à la nourriture et à l’énergie », a-t-il précisé. L’OMC veut ainsi apporter sa contribution en aidant les gouvernements. En revanche, « la transparence des politiques commerciales permettra d’aider les gouvernements et les entreprises à planifier leurs décisions en matière d’approvisionnement et de production de produits et d’équipements médicaux. C’est pourquoi j’ai exhorté les membres de l’OMC à partager rapidement les informations sur les politiques commerciales liées à la covid-19. La tâche qui nous attend est immense, mais avec les bonnes politiques, un leadership fort et une approche collective, nous pouvons limiter les dégâts et entamer ensemble le processus de redressement », a-t-il évoqué.
En hausse considérable. Notons que les biens et services médicaux constituent un rare segment de l’économie mondiale dans lequel la demande est en hausse. Les recherches menées par les économistes de l’OMC indiquent que le commerce actuel des produits et équipements médicaux essentiels au traitement de la covid-19 est en hausse considérable. L’an dernier, la valeur de ces produits échangés entre les pays membres de cette organisation avait atteint près de 597 milliards USD. On peut citer, entre autres, les masques et les gants, les savons et les gels désinfectants pour les mains, les équipements de protection, les masques à oxygène, les respirateurs et les oxymètres de pouls. « Les gouvernements et les entreprises s’efforcent d’augmenter la production de ces produits et équipements médicaux, y compris les kits de tests et les médicaments pour traiter les symptômes de la covid-19 ; et bientôt, nous l’espérons, les vaccins », a-t-il poursuivi.
Graves problèmes. Sur le plan de la politique commerciale, les membres de l’OMC, dont les États-Unis, la Chine, la Colombie, le Canada et le Brésil, ont introduit des dizaines de mesures pour faciliter le commerce des produits médicaux liés au coronavirus. Ils ont entre autres réduit les droits d’importation, et allégé les formalités de dédouanement et administrative en matière de licences et d’approbation. Ces mesures contribuent à rendre ces produits plus abordables pour les consommateurs nationaux. D’autre part, d’autres mesures, y compris celles prises par certains de ces mêmes pays, ralentiront le commerce. En effet, des gouvernements ont restreint l’exportation des équipements de protection et des respirateurs, afin de renforcer la disponibilité sur le marché intérieur. « Les règles de l’OMC autorisent de telles restrictions en cas de pénurie ou de menace pour la santé. Mais la restriction des exportations des fournisseurs potentiels peut perturber les chaînes d’approvisionnement et causer de graves problèmes dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, qui dépendent généralement beaucoup des importations pour leur équipement médical. C’est pourquoi les dirigeants du groupe des vingt principales économies [G20] ont convenu fin mars que les mesures commerciales liées à la pandémie devaient être ciblées, proportionnées, transparentes et temporaires », a fait savoir le directeur général de l’OMC.
Réseaux transfrontaliers. Et lui d’ajouter que « si le monde tente d’accélérer la production de fournitures médicales, il est logique de s’appuyer sur les réseaux de production et de distribution transfrontaliers existants. Nous voulons que les fabricants de respirateurs s’attachent à en fabriquer autant qu’ils le peuvent, sans chercher à s’approvisionner en composants sur le marché intérieur, ni se demander si les pièces importées ne vont pas se retrouver coincées aux frontières. Nous voulons que le personnel médical dispose le plus rapidement possible de tous les équipements de protection dont il a besoin, qu’importe leur origine ». Par ailleurs, les gouvernements ont une certaine marge de manœuvre pour agir au niveau national, afin de réduire leur facture de lutte contre la pandémie. « Nos données montrent que les droits d’importation moyens appliqués sur tous les produits médicaux essentiels covid-19 sont de 4,8 % à 11,5 % pour les équipements de protection individuelle ; et de 17 % pour le savon et les gels désinfectants pour les mains. Mais ils [les différents gouvernements] ne peuvent pas en faire assez en agissant seuls. C’est pourquoi la coopération mondiale s’impose pour lutter contre la covid-19 », a conclu Roberto Azevêdo.
Le secteur du tourisme se prépare déjà à l’après-crise, selon les membres de la CTM.
La Confédération du tourisme de Madagascar (CTM) intègre la task-force du plan de mitigation pour porter la voix du secteur privé et soumettre les requêtes, dans le cadre de la relance du tourisme pour faire face à l’après-crise.
Le secteur du tourisme est un des secteurs les plus sinistrés. Des emplois sont en péril tout le long de la chaîne de valeur, 44 000 emplois directs et plus de 300 000 emplois indirects sont affectés. Les groupes de population les plus vulnérables, tels que les femmes, les jeunes et les populations rurales, sont les plus exposés. La CTM indique plus de 1 900 milliards d’ariary de pertes pour les opérateurs touristiques. Selon ses explications, les trois derniers trimestres 2020, surtout la haute saison de mi-juillet à mi-novembre, représentent 83% du volume d’affaires dans le tourisme. La baisse sur la totalité des recettes de l’année est évaluée à 80% du fait d’une prolongation des mesures de confinement et des fermetures des frontières. Cependant, un plan de mitigation pour la relance économique de Madagascar, sous le lead du ministère de l’Industrie et du Commerce et du ministère de l’Économie et des Finances, a été initié par l’État le 7 avril 2020. Pour faire face à cette pandémie, et répondre rapidement aux besoins du secteur du tourisme, une importante mobilisation au sein de la CTM a permis d’identifier et de mettre à contribution des ressources de valeur au sein de la task-force, pour la conception du plan de mitigation. Selon les informations, le tourisme national fait partie des axes majeurs. « La vision est de concevoir des offres attractives à la portée des malgaches. Des réductions sont appliquées sur des offres ‘all inclusive’ et répertoriées sur un site dédié », a indiqué Sandra Afick, directeur exécutif de la CTM.
Ensemble de mesures. Le plan de relance chiffré élaboré par la CTM le 10 avril 2020 fait état des besoins du secteur du tourisme, et met en relief des mesures sociales, économiques et financières qui vont fixer le regard sur l’horizon de la sortie de crise. Des mesures sociales pour soutenir les coûts liés à la protection du personnel, et au chômage, technique ou partiel, pendant une certaine période. Ces mesures sociales comprennent également la communication contre la stigmatisation des étrangers et des personnes venant des foyers d’épidémie. En outre, les mesures économiques visent à soutenir le transport aérien et le renforcement des capacités des métiers-clés du secteur. Elles concernent également l’appui à la trésorerie des opérateurs touristiques pour le maintien de leurs exploitations. Enfin, les mesures financières s’opèrent au niveau des impôts, et aux activités de promotion pour la relance des marchés prioritaires.
Transparence. Selon ses représentants, la CTM met à contribution toutes les données et les ressources à sa disposition, pour soutenir l’État dans cette démarche. En parallèle, une dynamique constructive de dialogue avec les institutions partenaires est menée par la confédération pour obtenir leur adhésion à cette cause. D’après les opérateurs touristiques, les décideurs devraient se prononcer le 30 avril 2020. « La CTM fait entièrement confiance à l’État malgache qui a su, dès le début de la crise, écouter et répondre positivement aux requêtes du secteur ; et adresse ses vifs remerciements à tous ses partenaires techniques et financiers, au gouvernement et au président de la République de Madagascar. La CTM reste confiante quant à l’issue de la concertation avec le secteur privé, et qu’il en découlera des mesures équilibrées pour soutenir la relance de Madagascar et du tourisme en particulier, vecteur de croissance du pays », a déclaré le directeur exécutif de la confédération. À noter que cette organisation rassemble les acteurs privés du tourisme dans une structure représentative. C’est une association à vocation économique et ses objectifs sont de renforcer la compétitivité de la destination Madagascar, et de promouvoir un climat des affaires favorable au développement des activités touristiques.
Deux postes, et non des moindres, sont vacants auprès du ministère de l’Économie et des Finances (MEF). Il s’agit notamment de celui de directeur général du Contrôle financier, ainsi que de celui de la Comptabilité publique. Les titulaires de ces deux postes viennent d’être remerciés par le gouvernement et leurs abrogations ont été actées lors du Conseil des ministres du 17 avril dernier. En pleine crise sanitaire, lors de laquelle l’Etat est à pied d’oeuvre dans la gestion des opérations de décaissement en matière de finances publiques, le gouvernement a décidé de chercher d’autres candidats pour occuper ces deux postes-clés, qui sont au cœur du système de gestion des finances publiques. Les chasseurs de têtes du MEF doivent ainsi s’activer pour trouver les nouveaux titulaires de ces deux postes, qui assurent les procédures dans une grande partie des finances de l’État.
Cela fait un mois que les régions touchées par le coronavirus sont en confinement. D’un côté, bon nombre de gens ne respectent pas les mesures sanitaires indiquées par l’Etat. De l’autre, de nombreuses entreprises se trouvent en difficulté, voire en cessation d’activité à cause de l’arrêt de toutes les activités économiques. Fano Andriamahefazafy, un économiste et enseignant chercheur à l’Université d’Antananarivo, nous livre dans une interview son opinion face à la situation qui prévaut dans le pays.
Quel est votre constat sur les deux périodes de confinement à Madagascar ?
Le respect des mesures de confinement est une fonction décroissante du temps, de la perception de la gravité de la maladie – nombre de cas, zéro mort, remède disponible – et des contraintes économiques des différentes entités – ménages, entreprises, etc.
Quels sont les impacts pour les ménages et les entreprises ?
Une grande partie des ménages perçoivent des revenus variables. Le ralentissement ou l’arrêt de la plupart des activités réduit fortement le niveau de vie des citoyens. Les plus vulnérables, qui ne disposent pas d’épargne ou de capital social pour les secourir financièrement, sont les plus touchés. C’est pourquoi, depuis quelques jours, nous percevons cette impression de relâchement par rapport aux mesures de confinement. C’est pareil pour les entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises (PME), et pour les activités exercées dans le secteur informel, avec un risque élevé de destruction d’emplois et un important « effet de dominos ». L’exemple de la restauration est emblématique, avec les effets négatifs pour les producteurs d’oeufs, les éleveurs de volailles, les maraîchers, etc.
« Il faut éviter de décréter des mesures ‘impossibles’ à appliquer et à faire respecter », dixit l’économiste Fano Andriamahefazafy. (Photo fournie)
Quelles solutions proposeriez-vous pour faire face au coronavirus ?
Le confinement ne sert qu’à ralentir la propagation et à préparer des mesures à appliquer dans la vie quotidienne. Que nous le voulions ou non, il va falloir apprendre à vivre avec ce virus, tant qu’on ne trouve pas de remède ou de vaccin. Après un mois de confinement, il est temps de l’arrêter dans sa forme actuelle. Laissons les secteurs qui ont pu fonctionner jusqu’à midi continuer leurs activités jusqu’à la fin de la journée, ou jusqu’en début de soirée, soit un retour à un fonctionnement normal. En revanche, il faut renforcer les mesures de prévention, telles que le port obligatoire des masques, la mise en place des barrières sanitaires et l’application de la distanciation sociale. Pour les activités spécifiques impliquant un rassemblement comme l’enseignement, le transport public, les cultes, la restauration/hôtellerie et les spectacles, une concertation avec les acteurs concernés devrait avoir lieu. Le but est de décider d’une manière participative des mesures à prendre, par secteur, et d’envisager une reprise progressive des activités pour ces secteurs à partir de la semaine du 27 avril ou du 4 mai 2020. En fait, il faut éviter de décréter des mesures « impossibles » à appliquer et à faire respecter.
Quid des industries en cessation d’activité ?
Il faut les laisser reprendre leurs activités avec les mesures de prévention identiques appliquées dans le secteur bancaire ou la grande distribution. Il faut privilégier le transport organisé pour le déplacement quotidien du personnel. La meilleure solution vient toujours de la concertation entre les acteurs concernés. En fait, nous avons maintenant deux périodes de référence, celle sans confinement et celle avec confinement. Les décideurs ont ainsi du recul lorsqu’ils considèrent les différents paramètres, sans aller jusqu’à une analyse coûts-bénéfices des mesures. Il n’y a qu’à constater les offres de service de livraison qui fleurissent depuis quelques jours. Toutes les entreprises doivent ainsi pouvoir reprendre progressivement. Quant au secteur de l’hôtellerie et de la restauration, des mesures spécifiques de santé sont à instaurer. Il faut se réinventer et s’organiser au fur et à mesure. Ce que nous voyons depuis une dizaine de jours dans la capitale plaide pour ce déconfinement progressif. J’insiste sur les mesures concertées de prévention pour les secteurs d’activité impliquant un rassemblement. En outre, je crois en la capacité d’adaptation et d’innovation de notre tissu économique.
Quel est le rôle de l’Etat dans tout cela ? Et à quoi doivent servir les financements extérieurs qu’il vient d’obtenir ?
Nous devons disposer de fonds pour soutenir l’équilibre macro-économique, notamment celui de la balance des paiements et du budget de l’Etat. Nous avons également besoin de fonds de relance pour combattre la récession. Il s’agit, entre autres, du financement des mesures par la dette intérieure, tel que l’emprunt obligataire social estampillé « Lutte contre le covid-19 » et les crédits d’impôts pour les entreprises afin d’accompagner la relance de leurs activités. L’Etat peut, entre temps, financer des investissements ciblés avec d’éventuelles suppressions de charges, moyennant une certaine condition comme le maintien de l’emploi et la déclaration conforme vis-à-vis de l’administration fiscale. Ces mesures de relance doivent ensuite contribuer à l’effort de la formalisation des acteurs informels. Il faut également soutenir les entreprises et les institutions financières vulnérables en leur accordant un financement direct, ou une ligne de crédit spécifique, avec des garanties et des taux d’intérêts subventionnés. Mais il faut prioriser les mesures en faveur des entreprises à haute valeur ajoutée pour le marché local et les exportations. Les financements extérieurs devront servir à financer de telles mesures. Le financement de la dette extérieure n’est pas en reste.
Le secteur privé réclame-t-il un fonds d’aide directe ? Quel est votre avis ?
J’opte surtout pour des aides sélectives et conditionnées, avec des critères de sélection à déterminer dans la concertation et la transparence. Nous pouvons citer entre autres le manque à gagner, la vulnérabilité et la menace sur l’emploi ainsi que les conditions sous forme de contreparties socio-économiques comme le maintien de l’emploi, la formalisation et la redevabilité fiscale. Cela peut ainsi être une aide directe et un crédit à rembourser avec un taux d’intérêt très faible. Et pour les exportateurs, il faut s’attendre à une contraction de la demande mondiale en produits « non prioritaires ». Il faut ainsi anticiper, s’adapter et se diversifier autant que possible. La production des masques « grand public » par les entreprises franches est déjà une bonne chose. C’est une manière pour l’État de soutenir les emplois. En fait, il est temps d’inventer un autre mode de société, de renforcer notre tissu industriel et promouvoir le « vita malagasy » dans les achats de l’État et des consommateurs en général. Mais l’autre enjeu, c’est l’équilibre de notre balance commerciale avec l’arrêt du tourisme et la baisse de l’exportation de certains produits, et ce, même si les importations vont également baisser. Il faut se méfier notamment des mesures de relance sans précautions puisque cela va impacter significativement la demande des produits importés et affecter par la suite le taux de change.
Pour une fois, l’entreprise JB, qui a toujours gardé ses secrets industriels, a ouvert ses portes aux journalistes. Histoire de montrer comment l’entreprise fait face aux aléas de l’épidémie de coronavirus.
Prise de température dès l’entrée de l’usine. Lavage des mains avant d’enfiler blouse, masque et chapeau en tissu. Lavage des mains une seconde fois, ou pulvérisation avec une solution alcoolisée à chaque entrée d’un local, et surtout dans les centres de production, ainsi que respect de la distanciation sociale d’un mètre… Toutes les mesures sanitaires anti covid-19 sont respectées au sein de JB, l’une des plus grandes entreprises agroalimentaires de Madagascar, qui a continué à maintenir ses activités malgré les contraintes liées à l’épidémie de coronavirus. « On doit faire face à cette situation exceptionnelle qu’est l’état d’urgence sanitaire, en respectant scrupuleusement les mesures sanitaires et sociales demandées par les autorités », explique le responsable de production de JB. Et si cette entreprise du groupe Basan bien connue dans la biscuiterie et la confiserie a décidé de continuer à produire dans un contexte difficile, c’est avant tout pour l’intérêt des consommateurs et des employés. « Nous enregistrons actuellement une baisse de 50% des ventes, mais l’entreprise continue à tourner et les 1 200 emplois qu’elle compte sont maintenus ». En effet, JB procède par rotation de 300 employés qui font tourner quotidiennement les unités de production. « Pour veiller au plein-emploi et préserver les intérêts des salariés permanents, nous avons été contraints d’adapter les postes en fonction de la baisse importante de la production ». Tous les salariés gardent leurs rémunérations et avantages.
Coûts supplémentaires. Mais cette continuité de la production dans un contexte exceptionnel n’est pas sans provoquer des coûts supplémentaires. En effet, le respect des mesures sanitaires impose des initiatives non prévues. Une cellule de crise interne covid-19 a été mise en place et une campagne de communication a été lancée pour faire connaître au personnel les mesures de prévention et de protection, notamment en matière de gestes barrières. L’achat de 6 000 masques et le transport des employés habitant loin de l’usine ont également provoqué des dépenses supplémentaires. Bref, JB s’adapte à la situation pour maintenir ses activités dans des conditions normales d’une entreprise agroalimentaire, dont les exigences sont très pointues en matière de sécurité et d’hygiène. « Nous avons déjà cette habitude de travailler dans des conditions extrêmes de sécurité et d’hygiène, mais elles ont été renforcées depuis le début de l’épidémie ». C’est ainsi par exemple que la prise systématique de température est de mise, avec l’orientation des cas affichant plus de 37,5 degrésvers une zone de confinement, avant la prise en charge par un médecin. Les visiteurs exceptionnels sont par ailleurs soumis à une enquête de traçabilité. En somme, et à l’instar des autres entreprises qui continuent à fonctionner avec les conditions difficiles imposées par les mesures sanitaires, JB investit pour satisfaire les consommateurs et sauvegarder des emplois.
« Il ne faut plus bloquer l’économie », réclame Thierry Rajaona, président du GEM.
« Nous recommandons la réalisation de tests de dépistage à grande échelle des employés du secteur privé, afin d’éviter le risque de contamination du personnel au sein d’une entreprise », a déclaré Thierry Rajaona, président du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM)
La plupart des entreprises du secteur privé sont victimes de cette crise sanitaire qui prévaut dans le pays. Bon nombre d’entre elles sont même en cessation d’activité. C’est pourquoi le GEM « est plutôt favorable aux nouvelles mesures de déconfinement progressif prises par le président de la République. Il ne faut plus bloquer les activités économiques car les dégâts sur l’économie sont énormes, comparativement aux 120 cas confirmés atteints du coronavirus à Madagascar. En plus, nous n’avons pas les moyens de soutenir financièrement le confinement pendant longtemps », a expliqué Thierry Rajaona, président du GEM.
Tests de dépistage à grande échelle. En revanche, « nous nous engageons à respecter les mesures de prévention et prophylactiques. Il s’agit entre autres du port obligatoire des masques de protection, et le respect de la distanciation sociale d’un mètre. De plus, nous recommandons la réalisation de tests de dépistage à grande échelle des employés du secteur privé, afin d’éviter le risque de contamination du personnel au sein d’une entreprise », a-t-il ajouté. Au sujet de la fixation des horaires de 6 heures à 13 heures, « ce serait encore mieux si on pouvait repousser à 18 heures. Jusqu’à maintenant, il n’y a certes aucune perte en vie humaine, mais plusieurs entreprises sont déjà victimes de cette crise sanitaire. Il ne faut pas ainsi bloquer toute une économie. Laissez les entreprises reprendre leurs activités en toute latitude », a réitéré Thierry Rajaona. Il est à noter que les sociétés opérant dans le secteur textile ont connu une baisse d’activité atteignant 80%. Celles oeuvrant dans le domaine de la télécommunication, notamment les call-center, ont eu une baisse d’activité de l’ordre de 20 à 25%. Au niveau du secteur de l’industrie agro-alimentaire, 50% des entreprises ne peuvent plus tourner. Quant au secteur du tourisme, toutes les entreprises sont presque en cessation d’activité.
Besoin de crédit de trésorerie. Face à cette situation, le président du GEM a soulevé qu’il y a un grand besoin de crédit de trésorerie pour que le secteur privé puisse relancer ses activités. En effet, « les chiffres d’affaires des entreprises victimes ont tous chuté. Par ailleurs, l’État devra prendre en charge une partie des salaires des employés qui sont au chômage technique, au risque d’augmenter davantage la pauvreté à Madagascar. Et les dégâts économiques causés par l’arrêt des activités économiques dû au confinement vont entraîner une autre crise sociale, surtout si le nombre de salariés touchés par le chômage technique est important », a conclu Thierry Rajaona.